Les rues de Bruxelles sous une vague rouge
Les rues de Bruxelles sous une vague rouge
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Vendredi a été synonyme d’embouteillages pour Bruxelles qui a vu 15.000 manifestants répondre à l’appel du syndicat socialiste FGTB. Un nombre somme toute limité si l'on compare cette marche aux grands rassemblements de protestation sociale qui se sont par le passé colletés à l’ex-gouvernement Michel. Mais cette manifestation laisse entrevoir la capacité de mobilisation sur laquelle pourront compter les organisations syndicales dans les prochains mois.
Le syndicat socialiste entend faire pression sur le gouvernement De Croo pour revoir la norme salariale à la hausse, notamment dans les domaines d'activités touchés par le covid. Des négociations précédentes entre partenaires sociaux ont capoté. En cause : la loi de 1996 fixant la marge de progression salariale à 0,4% dans tous les secteurs, qu’ils soient ou non performants. Il faut donc la revoir, clame la FGTB, qui menace de ne pas négocier le futur accord interprofessionnel 2023-2024.
En face, le patronat rétorque qu’il faut choisir : c'est ou l’index qui lie les salaires au coût de la vie, ou la révision de la marge salariale. Pas les deux. L’argument est bien sûr inaudible pour les syndicats.
C’est à une vache sacrée que s’attaque la FGTB. «La loi relative à la promotion de l’emploi et à la sauvegarde préventive de la compétitivité» a été instaurée en 1996 à l’époque où le chrétien-démocrate flamand Jean-Luc Dehaene tenait les rênes du gouvernement. La Belgique s’échinait alors à assainir ses finances publiques afin d’entrer dans l’euro tout à veillant à rester concurrentielle face aux salaires pratiqués dans les pays limitrophes.
Vingt ans plus tard, le gouvernement Michel a durci la loi, rendant désormais impossible la négociation, selon les syndicats. La FGTB exige de revenir au moins à la situation qui prévalait jusqu’en 2017.
Thierry Bodson, le président de la FGTB, détaille : «Nous ne voulons pas aller à la table des négociations pour l’accord interprofessionnel 2023-2024 avec la loi de 1996 telle qu’elle est aujourd'hui. On veut une modification de cette loi. Pour l’instant, on nous impose la même marge de négociation chez les coiffeurs que chez Pfizer, ce qui n’a aucun sens».
L’accord de gouvernement ne prévoit pas une telle révision, mais il ne sera pas simple pour la coalition du Premier ministre Alexander De Croo de s’en tenir à ce compromis.
La marche de ce vendredi est le premier coup de semonce d’un automne qui s’annonce chaud. Parmi les multiples dossiers et réformes inscrits au menu du gouvernement De Croo, on trouve notamment une énième remise à plat du système des retraites dont le parti socialiste de Paul Magnette veut faire son étendard.
Au début du mois, il a déballé dans la presse un plan particulièrement généreux pour les futurs retraités, sans l’avoir auparavant présenté à ses partenaires gouvernementaux. La droite s’est braquée, criant casse-cou.
Les marges budgétaires s’annoncent très étroites. Si la croissance est bien au rendez-vous (8 à 9% selon la banque nationale), la charge de la dette s’est alourdie durant la crise sanitaire. La dette cumulée s’élève à 581 milliards d'euros, le déficit public est de 21,2 milliards d’euros (4,1% du PIB). La Wallonie, où le drame des inondations s’est ajouté à la facture du covid, est la plus à plaindre. Un train d’économies est annoncé. Mais où prendre l’argent sans saper l’édifice? La question est posée à la veille d’un important conclave budgétaire.
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