Les inondations portent un nouveau coup dur à la Wallonie
Les inondations portent un nouveau coup dur à la Wallonie
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - La Wallonie est sortie mutilée des inondations qui ont touché toute une partie de son territoire, ravageant littéralement plusieurs communes de l’est de la région (Trooz, Pepinster, Chênée,…). Dimanche après-midi, selon le centre de crise, on comptait 31 décès et 163 personnes disparues.
Le coût de la reconstruction sera important. La reconnaissance des inondations en tant que «calamité naturelle publique majeure» a été lancée et la Belgique va demander l’activation du fonds de solidarité de l’Union européenne. Par ailleurs, en attendant l’intervention des assurances, un prêt de 2.500 euros sans intérêt sera alloué aux sinistrés. Ce montant passant à 50.000 euros pour un entrepreneur.
Cette catastrophe est un coup dur supplémentaire pour la Wallonie qui vient précisément de communiquer son bilan de santé financier. Sa dette s’établit à 31,3 milliards d’euros. Le contrôle de celle-ci dépendant sans surprise des taux d’intérêt ou d’un changement de politique au sein de la Banque centrale européenne. Selon le dernier rapport de la Cour des comptes, la dette directe de la région wallonne a connu une augmentation de 120% en cinq ans. Une hausse qui résulte essentiellement des déficits budgétaires récurrents.
La Wallonie dépense ainsi plus qu’elle ne gagne. Sa situation financière s’est a fortiori dégradée durant les confinements, période durant laquelle la région a dû soutenir une partie de son économie à bout de bras. En 2021, les recettes se sont contractées de 1,3 milliard d’euros par rapport à l’année précédente. Côté dépenses, en intégrant les dettes des administrations publiques régionales, on arriverait à 31,3 milliards d’euros à la fin de cette année contre 27,7 milliards en 2020, soit 12,7% supplémentaires.
L’addition est salée pour la Wallonie qui peine toujours à reprendre son souffle un demi-siècle après la crise du charbon et de l’acier, cela en dépit des plans de relance à répétition.
La région doit aussi tenir compte du risque d’emballement des taux d’intérêt. Si elle est restée stable au cours des cinq dernières années, cette situation ne durera pas éternellement.
Pour l’économiste Philippe Ledent cité par L’Echo, ce n’est pas sans risque : «La question de la soutenabilité de la dette doit aussi s’étudier par rapport au niveau futur des taux. Nous sommes face à une dette qui se rembourse par emprunt. Si un jour les taux remontent, on sera coincé». La Cour des comptes est également de cet avis.
«Pour y remédier, continue Philippe Ledent, il faudrait une dynamique économique plus importante que la hausse des taux d’intérêt.» Autre alternative : «Un scénario à la japonaise où inflation et croissance ne reviennent pas, avec une banque centrale qui continue à acheter de la dette publique, serait un scénario plus avantageux pour des entités fragiles comme la région wallonne». Cela sachant que «politiquement, l’austérité budgétaire, c’est du passé».
Toutefois, tout le monde n’est pas de cet avis. Le député humaniste André Antoine évoque une dette wallonne atteignant les 39 milliards en 2024, soit 300% des recettes. «Il est temps que la région ait une attitude responsable entre ses dépenses utiles et futiles», prévient-il.
Quant au libéral Jean-Luc Crucke, ministre en charge des finances wallonnes, il attribue la situation actuelle à la gestion du passé. Sans s’appesantir sur le fait qu’elle fut essentiellement le fait des socialistes avec lesquels son parti pilote aujourd’hui la région.
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