Les couleurs de l'arc-en-ciel se profilent en Belgique
Les couleurs de l'arc-en-ciel se profilent en Belgique
Max HELLEFF (Bruxelles) - Des fuites parues dans la presse belge, mercredi matin, permettent de mieux saisir la teneur des échanges qu’organise l’informateur Paul Magnette entre les partis politiques. Ces discussions, rappelons-le, sont censées jeter à terme les bases du futur gouvernement belge.
Un thème s'impose d'emblée: la voiture de société serait obligatoirement «zéro émission» en 2023 ou 2024. Exit donc les voitures de fonction thermiques qui constituent jusqu’ici un mode de rémunération appréciable pour certains salariés. Dans quatre ou cinq ans, l’avantage fiscal concédé à l'entreprise et au travailleur ne serait plus exigible que pour des véhicules dits «propres», c’est-à-dire ne produisant pas de gaz d'échappement. D'ici là, les contrats de leasing seraient limités aux voitures les moins polluantes.
Cette solution aurait le mérite de conserver leurs avantages aux bénéficiaires d’une voiture de société tout en gardant le gain fiscal qui va de pair à leurs patrons. Elle se substituerait à la réforme lancée péniblement par le gouvernement Michel, réforme qui est loin d’atteindre ses objectifs.
En 2016, un décompte a établi que 650.000 voitures de société roulent en Belgique. Le plus souvent, il s’agit de véhicules puissants, donc polluants. Ils représentent 11,5% du parc automobile, mais effectuent 23% de la distance totale parcourue par les voitures immatriculées.
Caresser dans le sens du poil
La montée en puissance des écologistes lors des élections du 26 mai dernier, mais aussi la prise de conscience d’autres acteurs politiques, pourraient cette fois contribuer à neutraliser les nuisances de la voiture de société, véritable vache à lait de l’entreprenariat belge.
Ce projet, écrivent L'Echo et De Tijd, semble s’inspirer de propositions formulées par le passé par les libéraux et les chrétiens-démocrates flamands. Deux partis que l’informateur Paul Magnette se doit de caresser dans le sens du poil, car mathématiquement utiles - sinon nécessaires - à la construction d’une future majorité arc-en-ciel.
Les nationalistes ne pèsent pas de tout leur poids dans ce projet
Autre point fort des échanges interpartis : la migration. L'accent est mis ici sur le respect des Droits de l’Homme, la modernisation des procédures de migration économique mais aussi le durcissement des règles du regroupement familial, un thème cher à la N-VA de Bart De Wever. A l’inverse, contrairement à ce qu’avait imposé l’ex-secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA), la détention des mineurs en centres fermés serait supprimée.
Il est encore question de refinancement de la Justice, d’un «droit de réorientation» qui permettrait au salarié de changer d’employeur en gardant son ancienneté et ses droits sociaux, ou encore du relèvement de toutes les allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté.
La N-VA craint l'exclusion
«Les accents mis sur le social et le climat davantage que sur la migration achèvent de convaincre que les nationalistes ne pèsent pas de tout leur poids dans ce projet», écrit Le Soir. La N-VA nationaliste flamande estime de son côté que «Paul Magnette tente de mettre en place un gouvernement arc-en-ciel de gauche, dont elle serait exclue».
Tout porte à croire qu’elle a raison : l’idée de préparer «d’importants projets symboliques ou d’infrastructures pour les 200 ans de la Belgique» en 2030 circule elle aussi dans les notes de Paul Magnette. La N-VA leur préférera sans aucun doute ce «canon flamand» censé apporter une identité propre à la Flandre.
