Les chrétiens-démocrates flamands pressent De Wever
Les chrétiens-démocrates flamands pressent De Wever
De notre correspondant, Max HELLEFF (Bruxelles) - Un mot fait peur à la N-VA de Bart De Wever: «élections». Si de nouvelles élections législatives devaient être organisées, elle aurait tout à y perdre. Tous les observateurs de la politique belge sont en effet persuadés qu’en cas de nouveau scrutin, l’extrême droite du Vlaams Belang emporterait la mise au grand dam des nationalistes flamands.
Or, à chaque nouveau rapport remis au roi par les informateurs correspond un constat d’immobilité. Les partis qui comptent sur l’échiquier, exception faite du PTB communiste et du Vlaams Belang, sont incapables de former une coalition majoritaire à la Chambre. Et plus le temps passe, plus la perspective d’élections anticipées se précise. Car à la différence de la crise politique des 541 jours que vécut la Belgique en 2010-2011, les partis n’ont jamais entamé de véritables négociations. C’est la Drôle de Guerre.
Une piste souvent évoquée reprend toutefois vigueur: la désignation de Bart De Wever au poste d’informateur le 28 janvier prochain, à l’occasion d’un énième rendez-vous avec le roi. Cela aurait le mérite de clarifier la situation en impliquant les nationalistes flamands, et en démontrant une fois pour toutes qu’une alliance avec les socialistes francophones est tout bonnement impossible. Il faudrait alors retourner aux urnes. A moins que la coalition arc-en-ciel (socialistes, écologistes, libéraux) chère au socialiste Paul Magnette ne prenne enfin ses responsabilités, moyennant l’un ou l’autre appui extérieur.
Cette perspective incite les chrétiens-démocrates flamands du CD&V à pousser Bart De Wever sur le devant de la scène. «Nous devons prendre au sérieux les déclarations récentes de Bart De Wever, a expliqué au Soir le CD&V Eric Van Rompuy. Il a fait des ouvertures sociales. Je crois savoir que la N-VA fait des offres à la table de discussions avec le PS. Il y a un changement à la N-VA, notamment parce que le parti de De Wever craint les élections et le Vlaams Belang, j’en suis convaincu.»
La situation est à ce point préoccupante qu’Eric Van Rompuy en arrive à souhaiter la mise sur pied d’un «gouvernement provisoire». «Pour six mois ou un an, pour réaliser un budget et amorcer quelques politiques économiques et sociales», précise-t-il. Il tend ainsi la main à Paul Magnette qui, sur RTL-TVI, évoquait récemment un exécutif provisoire «de six mois ou un an pour faire face aux urgences sociales».
Depuis, plusieurs personnalités politiques ont fait savoir qu’elles préféraient les solutions pérennes à l’éphémère. La Première ministre et libérale francophone Sophie Wilmès estime qu’il n’y a «que deux options sur la table: soit la coalition Vivaldi (les Verts, les socialistes, les écologistes et les chrétiens-démocrates) sans la N-VA, soit une coalition avec la N-VA.»
Les chrétiens-démocrates flamands plaident pour la seconde solution - électoralement, le risque de se «déscotcher» de la N-VA est toujours aussi important pour eux. Mais les socialistes le jurent: quoi que raconte Bart De Wever, celui-ci ne fait rien pour collaborer. Faux, rétorque le CD&V qui attribue au PS la volonté de torpiller la négociation face à une N-VA constructive sur bien des points (pension, soins de santé, marché du travail…). Qui croire? Le manque de confiance que se vouent les uns et les autres apparaît jour après jour comme un obstacle décidément infranchissable.
