Les Belges souhaitent rester fidèles à l’atome
Les Belges souhaitent rester fidèles à l’atome
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Quelque 85% des Belges sont contre la «sortie immédiate» du nucléaire, prévue pour 2025. C’est ce qu’il ressort d’un grand sondage relayé par plusieurs médias. Seuls 13% des Flamands sont favorables à la fin de l’atome telle que prévue par une loi de 2003. 18% des Wallons expriment le même avis. Précision : la Flandre et la Wallonie accueillent toutes deux sur leur territoire une centrale, respectivement Doel (Anvers) et Tihange (Huy).
Il ne s'agit que d’un sondage, mais il fait assurément le jeu des pronucléaires alors que le gouvernement De Croo promet de répondre d'ici la fin de l’année à la question de savoir si la fermeture des centrales en 2025 sera totale ou seulement partielle.
Cette décision était attendue à la fin novembre. Mais la fuite dans la presse d’un rapport perçu comme partisan a bousculé l’agenda. Ce document concluait que la sécurité d’approvisionnement du pays ne serait pas en danger en cas de fermeture totale des centrales et qu’il n’y aurait qu'une augmentation très limitée de la facture des ménages, deux conditions qui figurent dans l’accord de coalition du gouvernement De Croo.
Ces informations n’ont de toute évidence pas rassuré la population belge à un moment où le prix des énergies s’envole. Le bras de fer que se livrent Washington et Moscou à la frontière russo-ukrainienne rappelle en outre que la sécurité d’approvisionnement (ici le gaz) ne peut être séparée des aléas de la géopolitique.
Cependant, il est important de souligner que la question soumise par le sondage porte sur la question de la sortie «immédiate» du nucléaire, c'est-à-dire en 2025. Si les francophones n’en veulent pas, ils sont en revanche davantage favorables à la prolongation temporaire de deux des réacteurs actuellement en activité. Cette option aurait le mérite de donner au pays des garanties d’approvisionnement, en attendant que des alternatives -et notamment la construction de nouvelles petites centrales nucléaires- soient décidées. 34% des Wallons en sont convaincus, contre 30% des Bruxellois et 28% des Flamands.
Parallèlement, la construction de deux nouvelles centrales au gaz reste d'actualité, même si elles n’enchantent pas grand monde en raison de leurs émissions de gaz à effet de serre. La Flandre refuse toujours de construire celle qui est prévue à Vilvorde, au nord de Bruxelles. La Wallonie devrait installer la sienne sur un ancien site industriel des Awirs, à Flémalle (région liégeoise). Ce projet ne rencontre que très peu d’opposition sur place. Le Soir s’interrogeait toutefois récemment sur l’opportunité de construire une telle unité à proximité d’un site néandertalien candidat au patrimoine mondial de l’humanité.
Derrière ces deux centrales au gaz, on retrouve l’énergéticien Engie qui gère toujours la production du nucléaire belge. Il y a un an, celui-ci a clairement fait comprendre au gouvernement De Croo qu’il était trop tard pour investir de l’argent dans la rénovation des (vieux) réacteurs d’ici 2025 et qu’il comptait bien passer à autre chose.
La messe serait donc dite ? Pas pour le président du parti libéral MR Georges-Louis Bouchez qui entend bien mettre le PS de son côté. Il propose qu’une concession soit attribuée à Engie Electrabel pour la prolongation des réacteurs Doel 4 et Tihange 3. L’argent généré alimenterait un fonds contre la précarité énergétique qui pourrait directement alléger la facture de certaines catégories de ménages, ou contribuer à l’isolation des maisons. Telle est la solution avancée par ce partenaire gouvernemental à deux semaines d’une décision qui se veut définitive.
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