Le pouvoir d’achat attendra
Le pouvoir d’achat attendra
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Les journaux du groupe Sudpresse relaient cette information qui en dit long sur les difficultés financières grandissantes que rencontrent nombre de Belges. Le fisc reçoit de plus en plus de demandes de plans d’apurement destinés à étaler dans le temps le paiement des dettes fiscales et/ou des amendes pénales. «C’est l’un des effets de la crise du pouvoir d’achat et de l’augmentation générale des prix, écrit Sudpresse.
Face à une grosse facture, de plus en plus de Belges demandent à pouvoir procéder à un étalement de leur dette. Au ministère des Finances, on constate ainsi une augmentation de 20 % de ces demandes, entre 2020 et 2021.» Cette bouée de sauvetage cache mal le naufrage – un de plus – de la négociation sur le pouvoir d’achat qui vient d’être reportée à l’automne.
Au printemps, les sept partis qui composent la coalition Vivaldi du Premier ministre Alexander De Croo s’étaient accordés sur une série de mesures financières destinées à aider les Belges, particulièrement face à la hausse du coût des énergies. Depuis quelques jours, il leur est ainsi possible d’obtenir un chèque mazout de 225 euros pour alléger leur facture.
Il faudra attendre la rentrée scolaire
Et pour la suite ? Pour l’hiver prochain ? Les Belges devront attendre septembre, voire octobre pour savoir comment ils auront à traverser ces mois qui seront a fortiori impactés par le prix des énergies. Un rapport d'experts était attendu pour fixer les lignes directrices de la négociation gouvernementale. A peine livré, il a été torpillé par les libéraux francophones : «La Banque nationale de Belgique constate un problème de compétitivité et de déficit public, a tweeté leur président Georges-Louis Bouchez. Les recommandations portent sur tout, sauf la compétitivité, et accroissent le déficit. Il y a des gadgets militants comme la réduction de vitesse sur autoroute.»
La diminution de la vitesse est de fait l’une des propositions énoncées par les experts pour gagner autant en argent qu’en moindre pollution. Logiquement, les écologistes ont pour leur part soutenu le rapport.
Le gouvernement fédéral fait «charrette». Il reporte les dossiers chauds les uns après les autres, faute d’arriver à un compromis en son sein. C’est vrai pour le pouvoir d’achat, mais aussi pour la réforme des pensions qui est toujours dans l’impasse alors qu’une solution est attendue pour le 21 juillet, date de la fête nationale. Le PS, qui est à la tête du ministère des Pensions, critique la méthode de travail d’Alexander De Croo jugée trop libérale, trop «bleue». Il fait plus largement face à un axe flamand constitué des libéraux de De Croo, des chrétiens-démocrates et des… socialistes de Vooruit. L’austère Frank Vandenbroucke, qui est aussi la figure de proue de Vooruit, a fait savoir à ses frères francophones qu’ils défendaient un «socialisme des années 70».
Un système de retraite soutenable
Cette réforme doit aboutir à fonder un système de retraite soutenable financièrement dans le futur. Mais les discussions achoppent pour l’heure sur des points aux contours idéologiques, comme la possibilité d’une retraite anticipée après un certain nombre d’années de carrière et une pension minimum qui serait accordée selon des modalités en ce moment très disputées.
Alexander De Croo s’est toujours gardé de parler d’un «accord de l’été». Mais si les pensions sont reportées à la rentrée, ce dossier viendra en télescoper d’autres (le pouvoir d’achat, le budget, la réforme fiscale, etc). Soit une charge de travail et de différends susceptible de paralyser définitivement un gouvernement déjà à court d’haleine.
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