Le plan de relance s’esquisse enfin en Belgique
Le plan de relance s’esquisse enfin en Belgique
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - La Belgique touche du bout du doigt son plan de relance. Un accord est intervenu entre le fédéral et les Régions, sous l’égide du secrétaire d'Etat socialiste Thomas Dermine. Les 5,95 milliards d’euros promis par l’Europe pour relancer la machine économique après la crise sanitaire sont répartis comme suit : 1,25 milliard pour le fédéral, 2,2 milliards pour la Flandre, 1,5 milliard pour la Wallonie, 395 millions pour Bruxelles (qui crie au scandale). La petite communauté germanophone (70.000 personnes) s’en tire avec 50 millions d’euros.
Cet argent sera investi dans cinq orientations stratégiques. Celles-ci ont l’ambition d’aller vers un monde où les émissions de gaz à effet de serre appartiendront au passé et où le développement numérique sera total. Elles passent par la mobilité (rail, vélo, mobilité électrique et intelligente…), le social et le vivre-ensemble (soins de santé, enseignement…), la durabilité (rénovation énergétique des bâtiments, énergies renouvelables, etc.) ; les chantiers numériques (5G, fibre optique, cybersécurité…) et la productivité (recherche, entrepreneuriat…).
25 milliards d’euros
Ce plan était attendu depuis des mois, le Premier ministre Alexander De Croo n’ayant de cesse d’appeler à la patience. Ce temps ne pouvait toutefois être infini, la remise des copies ayant été fixée à la fin de ce mois par l’Europe. D’où cet accord qui répartit presque à égalité l’argent entre Flamands et francophones, même s’il reste des tiraillements. Pour Thomas Dermine, «sur la base de l’accord intervenu ce lundi, la Belgique sera dans les temps par rapport à cet objectif européen important».
Reste que l’argent européen ne suffira pas à financer les nombreux projets de relance dont le coût est estimé à 25 milliards d’euros. S’il est clair que la Belgique entend profiter du séisme provoqué par le covid pour se moderniser et rompre (en partie) avec le passé, il faut trouver les fonds. Les taux d’intérêt étant au plus bas, l’essentiel passera par l’emprunt.
A suivre le gouvernement De Croo, il ne devrait donc pas y avoir de nouvelles taxes durant cette législature en dépit des sommes faramineuses déboursées pour soutenir l’économie et l’emploi durant les confinements successifs. Sauf sur les comptes-titres.
Cette taxe est fixée à 0,15% et vise les comptes-titres dont la valeur est supérieure à 1 million d’euros. Elle s’appliquera aux actions, obligations et autres produits dérivés détenus par des Belges au pays ou à l’étranger, et aux comptes-titres détenus en Belgique par des étrangers.
Un projet de loi fédère pour l’instant les partenaires de la majorité au pouvoir. Mais il y a tout de même un écart entre la volonté du Parti socialiste de Paul Magnette de taxer les riches et celle du Mouvement réformateur (libéral francophone) de Georges-Louis Bouchez de réduire la ponction au maximum. Magnette veut taxer «jusqu’à 2 ou 3% les vraiment hyper, hyper riches». Les libéraux s’en tiennent au seuil d’un million d’euros, sans progressivité de la taxe. Quant aux écologistes, ils disent apprécier la «solidité» d’un texte qui fédère dans les largeurs les partenaires de la coalition Vivaldi. L’objectif du gouvernement est de récolter ainsi près d’un demi-milliard d’euros.
«Solidité» politique ? Cela reste à prouver. Et quid du droit ? Il n’est pas impossible que le texte soit bloqué par la Cour constitutionnelle, le seuil d’un million d’euros - qui veut préserver la classe moyenne - apparaissant déjà arbitraire auprès de certains possesseurs de comptes-titres.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
