Le patronat belge tire la sonnette d’alarme
Le patronat belge tire la sonnette d’alarme
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Le produit intérieur brut, le déficit public, la dette du pays : tous les indicateurs macroéconomiques se sont désespérément affolés depuis mars dernier et le début de la crise sanitaire. Il faut y ajouter la confiance perdue des consommateurs qui s'est traduite par des soldes catastrophiques, le tourisme bruxellois en plein marasme ou encore la redoutable montée en puissance du chômage. En un mot : l’économie belge ne va pas bien.
Conséquence : les milieux de l’entreprise sont inquiets. Dans ‘Le Soir’ de lundi, Pieter Timmermans, l’administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), estime que le plus difficile reste à venir. La faillite menacerait quelque 20% des 400.000 entreprises belges. Les secteurs les plus touchés sont le tourisme, l’événementiel, la culture, l’horeca. Mais le commerce, le textile, l’ameublement et l’alimentation pourraient également payer les pots cassés.
Pour Pieter Timmermans, «la vraie crise est devant nous et elle va durer longtemps. On ne va vraisemblablement pas revenir à un niveau acceptable de croissance économique avant la mi-2021, les faillites vont arriver, la hausse du chômage structurel, l’impact sur le pouvoir d’achat.»
Ce week-end, dans 'L’Echo', c’est le patron de la banque KBC, Johan Thijs, qui faisait un constat assez proche. «La crise est tellement profonde qu’il est utopique de croire que la contribution d’une petite minorité suffira», avertissait-il. «Nous devrons tous faire des sacrifices.»
Absence de plan de relance
Ces sorties ne sont pas fortuites. La Belgique a de bonnes chances de se donner un gouvernement fédéral dans les prochaines semaines. Son accord reste toutefois à négocier entre sept partis, et le monde patronal entend ne pas se faire oublier.
Pieter Timmermans regrette ainsi que la Belgique n’ait toujours pas de plan de relance. «Chez nous, la Première ministre Sophie Wilmès a géré l’urgence, elle a consulté, mais il n’y a pas de gouvernement. C’est d’autant plus grave qu’il y a aussi un plan qui a été décidé au niveau européen sur lequel la Belgique aura un droit de tirage. Autrement dit : pour en bénéficier, il faut venir avec des projets. Et pour cela, il faut une majorité gouvernementale qui a le mandat pour les déterminer. Bref, un vrai plan de relance avec un vrai gouvernement et des personnalités pour le porter», explique-t-il. Le patron de la FEB en profite pour identifier quatre piliers : la relance telle qu'il la conçoit sera «non seulement économique, mais aussi sociale, écologique et digitale.»
L’exclusion de la N-VA de Bart De Wever des négociations gouvernementales en cours est assurément une mauvaise nouvelle pour le monde patronal. S’il peut compter sur les libéraux et les chrétiens-démocrates pour défendre ses intérêts dans la difficile équation économie/social/environnement, ces formations risquent de manquer de poids à certains moments face au Parti socialiste de Paul Magnette. A n’en pas douter, l’alliance qu’avait nouée Magnette et De Wever en août dernier avant de connaître l’échec eût davantage rencontré les aspirations des patrons. Conclue entre les deux principaux partis du pays, elle était le gage d’un équilibre plus clair entre la gauche et la droite.
Rien n’est toutefois acquis à ce stade. Une énième volte-face des chrétiens-démocrates flamands n’est pas exclue. Quant à Bart De Wever, il ne décolère pas, jugeant inadmissible que son parti, le plus important de Flandre, ne soit pas partie prenante à la négociation.
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