Le parlement wallon va enquêter sur les inondations
Le parlement wallon va enquêter sur les inondations
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles)- Il y aura bien une commission d’enquête parlementaire chargée de se pencher sur les inondations qui ont touché la Wallonie à la mi-juillet. Elle s’intéressera aux origines, et bien sûr à la gestion d’une catastrophe qui a fait 38 morts. Mercredi 1er septembre, une proposition de résolution sera approuvée par le parlement régional. La commission entamera ses travaux dans les jours suivants. Parallèlement, l’instruction ouverte par la justice liégeoise suivra son cours, les parlementaires ayant pour consigne d’éviter de gêner le juge.
Tous les partis de la majorité ont rejoint dans cette décision l’opposition. Fait notable: le parti socialiste est également de la partie, alors que sa figure de proue, le ministre-président wallon Elio Di Rupo, avait écarté dans un premier temps l’idée d’une telle commission.
Concrètement, dix parlementaires vont devoir examiner à la loupe la gestion des barrages, des alertes, des ordres d’évacuation, etc. Ils devront également se pencher sur les causes des inondations, les mesures de prévention et les facteurs qui ont pu aggraver la crise. Au terme de ses travaux, la commission déposera «des recommandations permettant de répondre aux défis liés aux causes et à la gestion des risques d’inondation dans un contexte d’adaptation climatique».
Hervé Jamar, le gouverneur de la province de Liège, sera probablement l’un des témoins-clés entendus par cette commission. Cet ex-ministre fédéral du Budget, en rupture avec son ancien parti (le mouvement réformateur, libéral francophone) est rentré de vacances le 17 juillet, alors que plusieurs localités liégeoises étaient ravagées par les torrents d’eau et de boue dès... le 14.
«Il a opéré ''en soutien'', en ''gouverneur bénévole'', dit-il, pendant que la commissaire d’arrondissement Catherine Delcourt faisait fonction…», notait récemment Le Soir au terme d’une interview qui en a laissé plus d’un dubitatif. «Hervé Jamar n’a peut-être pas réagi avec toute la lucidité nécessaire dans un premier temps», estimait le quotidien.
Le gouverneur liégeois, lui, s’en remet à l’instruction. Il demande d’adapter à l’avenir les secours aux nouveaux périls de l’époque, tacle au passage les ministres nationalistes flamands qui ont coupé dans les budgets de la Défense et de la protection civile. C'était sous le gouvernement Michel (2014-2018). «Je n’aurai pas grand-chose à dire de plus à la commission d’enquête parlementaire. Mais je préfère un pays avec des commissions d’enquête qui dérivent qu’un Afghanistan», déclare-t-il.
Quant à la gestion du barrage d’Eupen pointée comme responsable de la vague qui a littéralement envahi la vallée de la Vesdre le 15 juillet, la responsabilité revient selon lui à la Région wallonne «qui gère les barrages». «Comment voulez-vous qu’un gouverneur décide de prendre une décision sur le barrage, depuis Liège, en mangeant des biscottes?»
Les premiers éléments d’enquête, les reportages parus dans la presse et les différentes polémiques montrent qu’il ne sera pas simple de faire la lumière sur ce qui s’est passé à la mi-juillet en région liégeoise. Le caractère inhabituel des précipitations côtoie de potentielles erreurs humaines qu’il reste à cerner mais aussi l’état d’impréparation d’un pays qui a sacrifié une partie de sa protection aux impératifs budgétaires. Tracer un parallèle avec les errements apparus dans la gestion du covid lors des premiers mois de la pandémie n’a à ce titre rien de saugrenu à ce stade.
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