Le monde politique s'empare de l'affaire Lola
Le monde politique s'empare de l'affaire Lola
(m. m. avec AFP) - L'affaire Lola, cette adolescente de 12 ans assassinée dans des conditions atroces vendredi dernier à Paris, ne finit pas de faire parler d'elle en France.
Quatre jours après la découverte du corps de l'adolescente dans une malle au pied de l'immeuble où elle résidait, Emmanuel Macron a reçu ses parents mardi à l'Elysée.
«Il leur a présenté ses condoléances et les a assurés de toute sa solidarité et de son soutien dans l'épreuve qu'ils traversent et qui nous bouleverse tous», a indiqué l'Elysée, alors que plusieurs élus d'extrême droite avaient regretté de ne pas davantage entendre l'exécutif dans cette affaire et continuaient d'incriminer l'immigration irrégulière.
«Un peu de décence!»
Mardi, plusieurs ministres sont montés au créneau: «un peu de décence, et respectez la douleur de la famille», a lancé la Première ministre Élisabeth Borne à la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui assurait que «la suspecte de cet acte barbare n'aurait pas dû se trouver sur notre territoire».
«Notre responsabilité à tous, c'est de laisser la justice punir ce crime à la hauteur de ce qu'il mérite», a ajouté Mme Borne lors des questions au gouvernement.
Avant elle, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a accusé la droite de «démagogie» et de «se servir du cercueil d'une gamine de 12 ans comme d'un marchepied: c'est une honte».
La «dignité» et le «courage» des parents
Car en pleine campagne pour la présidence de leurs partis respectifs, droite et extrême droite ont multiplié ces derniers jours leurs attaques contre la politique migratoire de l'exécutif.
Mercredi, le gouvernement a reconnu qu'il devait «faire mieux» sur les expulsions d'immigrés irréguliers. «Nous travaillons d'arrache-pied pour faire en sorte que les expulsions» soient «suivies d'effets», mais «nous devons évidemment faire mieux», a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran après le conseil des ministres.
La principale suspecte du meurtre de Lola, Dahbia B., une Algérienne de 24 ans, a été mise en examen lundi pour «meurtre» et «viol aggravé» et écrouée. Elle était entrée légalement en France en 2016 avec un titre de séjour étudiant, mais faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis août dernier.
«Le niveau de respect des OQTF (obligation de quitter le territoire français) aujourd'hui est le niveau maximal connu du temps du quinquennat du président Sarkozy», a souligné M. Véran, tout en précisant que ce n'est pas «satisfaisant».
Mais le porte-parole a aussi invité ceux qui polémiquent au sujet de cette affaire à faire preuve de «dignité», après avoir rapporté que le conseil des ministres avait salué mercredi le «courage» des parents de Lola «qui font face à l'indicible».
«Il y a beaucoup de réponses qu'il nous faut obtenir et ce n'est pas à un responsable d'un parti politique, à un parlementaire ou à des journalistes aujourd'hui que de faire ce travail, c'est à la justice de le faire et donc on respecte le temps de la justice», a-t-il mis en garde.
Elle souffrirait de troubles psychiatriques
La principale suspecte dans cette affaire de meurtre était connue des services de police comme victime de violences conjugales en 2018, rapporte une source proche de l'enquête. Elle souffrirait de troubles psychiques. Elle avait été interpellée à l'aube samedi à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), après avoir été aperçue sur les images des caméras de surveillance de l'immeuble où résidait la collégienne.
Un témoin a également signalé la présence de cette femme, qui aurait sollicité son aide contre rémunération pour déplacer une malle volumineuse.
Les parents de l'adolescente, inquiets de ne pas la voir rentrer du collège vendredi après-midi, avaient alerté la police de la disparition de leur fille, ainsi que de la présence de cette jeune femme inconnue dans la résidence du 19e arrondissement de Paris.
C'est finalement un SDF de 42 ans qui a découvert une boîte en plastique opaque renfermant le corps de l'adolescente, dans la cour intérieure de l'immeuble où réside la famille de Lola. Le corps de la collégienne était dissimulé par des tissus, selon des sources proches du dossier. Deux valises cabine étaient posées à côté de la malle.
L'autopsie pratiquée samedi a déterminé que Lola était morte d'une «défaillance cardio-respiratoire avec manifestation asphyxique et signe de compression cervicale», selon un communiqué lundi de la procureure de Paris, Mme Laure Beccuau.
L'examen a révélé de «multiples autres lésions» mais pas «de lésion traumatique de la sphère sexuelle».
Un récit glaçant
Devant les enquêteurs, la mise en cause a «fluctué (...), oscillant entre reconnaissance et contestation des faits», d'après le communiqué.
Selon ses déclarations rapportées par Mme Beccuau, la suspecte aurait déclaré avoir «entraîné la victime jusqu'à l'appartement de sa soeur, vivant dans le même immeuble que l'enfant, elle lui aurait imposé de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d'autres violences ayant entraîné la mort et elle aurait dissimulé le corps dans la caisse.»
«Un zéro et un 1 étaient inscrits en rouge sous chaque pied de la victime», selon la procureure de Paris.
Un homme mis en examen
Outre la principale suspecte, un homme âgé de 43 ans a également été mis en examen lundi pour «recel de cadavre», selon la source judiciaire.
Quatre autre personnes placées en garde à vue par la brigade criminelle ont été libérées sans poursuite à ce stade.
Durant le week-end, de nombreux habitants avaient témoigné de leur tristesse et de leur effroi en déposant des fleurs sur la grille de la résidence de la famille de la victime et un muret conduisant au bâtiment.
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