Le mea culpa d’un président
Le mea culpa d’un président
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - Georges-Louis Bouchez est un revenant. Le week-end dernier, on le disait politiquement mort. Depuis jeudi, le jeune président du Mouvement réformateur (libéral francophone) revit à travers les interviews qu’il donne aux différents médias belges. Et le moins qu’on puisse écrire est qu’il n’a rien perdu de son culot.
«On a décidé d’améliorer la gouvernance du parti, a-t-il assuré sur la chaîne publique francophone RTBF. Ce qui s’est passé ces derniers temps nous a permis de faire le point sur ce qu’est la gestion du parti. L’objectif de ce G11, c’est de pouvoir discuter, débattre, les différentes décisions.»
Dans les faits, le «G11» qui réunit autour de Georges-Louis Bouchez dix personnalités libérales – dix «sages» - doit canaliser l’impétueux président et éviter qu’il ne prenne des décisions préjudiciables à la cohésion du parti. Mais pour le Montois, la nouvelle structure devrait surtout à un souci d’efficacité : «Il y a déjà un bureau élargi au Mouvement réformateur, avec 28 membres. On a préféré un organe plus restreint, les autres gardent leur statut, cela veut dire que ce G11 n’a pas de pouvoir décisionnel. C’est juste un lieu d’échange d’informations.»
Ce G11 aux allures de «belle-mère» représente en réalité pour Bouchez la dernière chance de sauver sa peau. Le Mouvement réformateur s'est littéralement fracassé lorsque ses membres ont appris en même temps que le reste de la Belgique que «Georges-Louis» n’avait pas hésité à sacrifier la carrière d’une ministre régionale pour recaser un ministre fédéral sortant - la manœuvre était toutefois illégale en raison de dispositions sur l’égalité des genres et l’opération est tombée à plat. Mais aussi qu’il avait choisi de flatter le clan Michel – Charles Michel, l’actuel président du Conseil européen, et son père Louis – en donnant un maroquin au petit dernier de la tribu : Mathieu Michel, inconnu jusque-là dans les hautes sphères de la politique, devenu comme par magie secrétaire d'Etat à la Digitalisation au nez et à la barbe de vieux ténors du parti.
En Belgique, les dynasties politiques sont monnaie courante: Mathot, Ducarme, Daerden, etc. ont été biberonnés à la chose publique par leurs pères respectifs, autrefois ministres. Alexander De Croo, le nouveau chef de gouvernement, est lui-même le fils d’Herman, un vieux routier du libéralisme flamand.
La nomination de Mathieu Michel survient toutefois dans un contexte électrique. Il y a dix ans, le Mouvement réformateur a vécu une crise profonde, cristallisée par une guerre entre le clan Michel et les sympathisants de Didier Reynders, aujourd’hui commissaire européen à la Justice. Il s’en était fallu de peu pour que le parti explose. L'épisode a laissé des blessures profondes.
«Foirage total»
Le G11 doit donc éviter au Mouvement réformateur et à son président de retomber dans les mêmes ornières. Le parti pourrait cette fois ne pas s'en relever. Dans le passé, d’autres formations politiques ont connu des dissidences qui les ont durablement affaiblies, sinon tuées.
Georges-Louis Bouchez qui assume un «foirage total» a présenté ses excuses dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Il reconnaît que «quelque chose n’a pas fonctionné» et, franc comme Artaban, dit en porter «l’entière responsabilité». Jamais en revanche, il n’aurait pensé à démissionner. Ce pompier pyromane ajoute : «Je ne crois pas que c’est en quittant le bateau qu’on résout les choses. Quand j’ai vu cette situation, je me suis dit: je dois la résoudre.»
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