Le fragile avenir du gouvernement De Croo
Le fragile avenir du gouvernement De Croo
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Les vacances parlementaires terminées, le gouvernement De Croo aura à s’attaquer à l’un des chantiers les plus difficiles de sa législature. Il devra en effet réformer le système des pensions pour faire face à l’arrivée à la retraite des baby boomers dans un contexte budgétaire serré. Entre 2014 et 2018, le gouvernement Michel n’avait pas réussi à mener ce dossier à son terme, même si le report de la fin de carrière de 65 à 67 ans restera l’une de ses mesures-phares.
Il faut s’attendre ici à voir la coalition Vivaldi faire l’objet de nouvelles tensions internes. Tous les regards sont déjà braqués sur l’attitude qu’observeront les libéraux francophones, et plus particulièrement leur président, le fougueux Georges-Louis Bouchez. L’homme n’a cessé de jouer les trouble-fêtes tout au long de cette première année de législature, que ce soit dans la gestion de la crise sanitaire, la récente grève de la faim des sans-papiers ou le port du voile.
Cette attitude de franc-tireur renvoie à la fragilité du gouvernement De Croo, une coalition réunissant au fédéral pas moins de sept partis francophones et flamands. D’une part, elle n’inclut aucun nationaliste du nord du pays, laissant ainsi au Vlaams Belang (extrême droite) un boulevard pour marquer des points sans coup férir depuis les rangs de l’opposition. D’autre part, elle est dirigée par un Premier ministre dont le parti libéral (Open VLD) est arrivé loin au classement lors des élections de 2019.
Guère de réserves financières
Alexander De Croo n’a dû sa promotion qu’à la volonté de ses partenaires d’apaiser la Flandre, la région la plus importante de Belgique en termes démographiques, sous-représentée pourtant dans la Vivaldi.
Ici comme ailleurs, la vie politique a été phagocytée par la crise sanitaire. De Croo a remis de l’ordre là où la gestion du gouvernement minoritaire de la libérale francophone Sophie Wilmès avait viré à l’aigre. Ce satisfecit, la coalition Vivaldi le doit en bonne partie à son leader ainsi qu’au ministre de la Santé, Franck Vandenbroucke. Mais aussi à la vaccination qui, après avoir débuté par une série de couacs, permet aujourd’hui à la Belgique de faire face avec un certain optimisme à la suite de la pandémie.
Il reste que le gouvernement De Croo aurait rêvé d’un autre scénario pour réaliser ses objectifs. Les comptes publics sont en mauvais état. La marge de manœuvre sera donc serrée au moment de s’engager dans des réformes structurelles, notamment l’emploi.
Une croissance estimée à +5,5% est attendue en 2021 et +3,3% en 2022. Théoriquement, elle permettra de stabiliser la dette publique qui flirte avec les 120% du PIB, malgré un déficit public très élevé attendu en 2021 (-6,8% du PIB) et 2022 (-4% du PIB). Du moins si les taux d’intérêt ne font pas un bond en avant.
Champ libre
Ce tableau budgétaire promet d'autres déchirures au sein du gouvernement De Croo, entre les partis de droite qui restent attachés à l’équilibre des comptes et la gauche socialiste qui tient enfin l’occasion de mener une politique keynésienne.
Il ne sera donc pas simple pour le gouvernement belge d’atteindre la ligne d’arrivée, fixée aux élections de 2024. Ces derniers temps, la N-VA nationaliste flamande de Bart De Wever multiplie les effets d’annonce pour aller vers une nouvelle réforme de l’Etat en collaboration avec les socialistes francophones. La question peut sembler virtuelle et superfétatoire à ce stade, mais elle pourrait demain empoisonner la vie de la Vivaldi si ses acteurs laissent trop de champ libre à l’adversaire.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
