La Wallonie trace les axes de sa reconstruction
La Wallonie trace les axes de sa reconstruction
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles)- La tâche est énorme et la Région wallonne veut se donner les moyens de la réaliser. Un commissariat spécial à la reconstruction est ainsi créé pour sortir la Wallonie du marasme dans lequel l’ont plongée les inondations de la mi-juillet.
Deux commissaires spéciales «reconstruction» ont été nommées. Catherine Delcourt est spécialisée en planification d’urgence et en gestion de crise. Sylvie Marique devra coordonner les différentes administrations régionales. «Toutes les compétences wallonnes doivent se mobiliser, afin qu’à chaque problème, une solution soit trouvée», insiste cette dernière.
Le coût de ce colossal chantier n’est pas encore connu. Mais il est évident que les deux milliards d’euros mis sur la table par la Région ne suffiront pas à réparer tout ce qui a été détruit par les rivières liégeoises, et dans une moindre mesure par la Meuse à Namur et à Dinant le week-end dernier. Le commissariat spécial est mis en place pour un an, mais sa mission sera prolongée en cas de nécessité.
En tout, 262 communes de Wallonie ont été touchées et 202 sont admises au fonds des calamités – lequel doit être revu au regard de l’ampleur de la catastrophe. Toute la partie sud de la Belgique est ainsi concernée, de près ou de loin. Les habitants des localités touchées par les inondations peuvent espérer bénéficier d’une indemnisation financière régionale.
Les communes liégeoises les plus sinistrées reçoivent une avance. Quant au Premier ministre Alexander De Croo, il encourage les grandes entreprises à y aller de leur poche pour aider les quartiers dévastés, troquant leurs apports financiers contre une augmentation de la déductibilité fiscale.
Le relogement de plusieurs milliers de sinistrés s’annonce compliqué en raison des problèmes inhérents au secteur de la construction. A l’ampleur du chantier qui s’ouvre s’ajoute en effet une pénurie de matières premières et de main-d’œuvre qualifiée annonciatrice d’importants retards. D’où l’idée de mettre à la disposition des sinistrés des conteneurs qui leur permettront de passer les mois à venir au sec. Le besoin maximal est évalué à environ 750 conteneurs pour une période de trois mois. Dans Le Soir de ce jeudi, le bourgmestre de Chaudfontaine et ancien ministre des Pensions Daniel Bacquelaine fixe à 500 logements en conteneurs les besoins de sa seule commune.
D’importants travaux doivent également être menés pour l’évacuation des impressionnants monceaux de déchets charriés par les crues et pour assurer la dépollution causée par les hydrocarbures.
Parallèlement à l’urgence, une réflexion sur la reconstruction des zones sinistrées est en cours. Des experts en aménagement du territoire estiment que les vallées ont payé chèrement le tort fait aux rivières depuis la révolution industrielle. Il faut leur rendre de la place, estiment-ils, quitte à exproprier et à démolir des maisons pour permettre aux crues de se dérouler sans nuire à l’homme. Le changement climatique l’imposerait…
Cette perspective a de quoi donner des cauchemars aux bourgmestres belges qui sont en permanence assaillis par les candidats bâtisseurs, à la recherche d’un appui local pour contourner ou assouplir les règles mises en place par la Région. La «bétonisation» des sols due à la politique de lotissements qui a longtemps été menée contribue aujourd’hui à la répétition des inondations en Wallonie.
Mardi, le bilan de la catastrophe en région liégeoise a été porté à 41 morts et deux disparus.
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