La Wallonie se dirige vers une commission d'enquête
La Wallonie se dirige vers une commission d'enquête
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - La Wallonie va-t-elle ou non se doter d'une commission d’enquête parlementaire sur les inondations qui ont dévasté l'est de la région à la mi-juillet? La réponse à cette question pourrait être plus rapide que prévu. Ainsi, à sa une, le journal Le Soir de jeudi titre sans ambiguïté : «Inondations : vers une commission d’enquête en Wallonie».
Pour le quotidien de la rue Royale, «les inondations de juillet, en plus d’une tragédie, laissent certaines zones d’ombre pour ce qui concerne la réactivité des autorités, la coordination des secours, l’organisation des évacuations, la gestion des barrages…» Ces zones d’ombre, le journal dit les avoir mises en évidence au fil d’une longue reconstitution des faits qui a abouti à pointer un certain nombre de questions restées sans réponse.
De là à penser qu’il y a eu certains dysfonctionnements, il y a évidemment une marge. Marge que des riverains, mais aussi des bourgmestres et des experts ont franchie en demandant ces deux dernières semaines des comptes aux gestionnaires des rivières et des différentes infrastructures hydrauliques. Avec en filigrane, l’idée que le monde politique n’a pas suffisamment pris en compte la sécurité des citoyens.
Ceux-là ont trouvé des alliés dans deux partis d’opposition au gouvernement wallon du socialiste Elio Di Rupo. D’une part, le Centre démocrate humaniste (CDH, ex-Parti social-chrétien) a déposé officiellement une demande de commission d’enquête parlementaire. A charge pour celle-ci de passer au crible les éventuelles responsabilités dans les inondations qui ont fait 42 morts et ont privé des milliers de personnes de leur logement. De l’autre, les communistes du PTB tirent à boulets rouges.
Mais l’opposition n’est plus seule. Le président du Mouvement réformateur (libéral francophone) Georges-Louis Bouchez évoque maintenant la nécessité de faire toute la clarté. «Soyons clairs, on n’y va pas dans l’esprit de couper des têtes, non. C’est là un devoir de transparence, avec la conviction qu’il faut préparer l’avenir en tirant les leçons de ce que nous vivons. A mon sens, une commission d’enquête sera la mieux à même de répondre aux questions qui se posent (…) On n’oublie pas les éventuelles responsabilités politiques directes au passage».
Une décision prise le 15 août
Le libéral poursuit : «Les questions et interpellations vont fuser au parlement à la rentrée, c’est normal. Dès lors, il faudra tout naturellement organiser le travail, sous la forme d’une commission spéciale si les députés estiment que c’est la bonne option, d'une commission d’enquête si l’on se rend compte qu’il faut lever des résistances pour aller au bout des choses, et je vous ai dit ce que j’en pense…».
PS et Ecolo, qui forment la majorité gouvernementale wallonne avec le Mouvement réformateur, ne sont «pas fermés». Ils plaident toutefois plus volontiers pour une «commission spéciale», moins embarrassante puisqu'elle n’aurait pas de pouvoirs d’instruction.
Sera-ce suffisant? Une commission spéciale pourrait en fait constituer un premier pas vers une véritable commission d’enquête parlementaire. Cette gradation a été observée dans des affaires antérieures. Mais pour l’instant, «on évite la controverse et les polémiques», écrit Le Soir.
La décision sera prise après le 15 août par le Parlement wallon. On y parlera aussi du rôle de la protection civile et de l’armée dans les opérations de sauvetage, d’aucuns estimant qu’elles ont dramatiquement manqué alors d’efficacité et de puissance d’engagement.
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