La Wallonie a urgemment besoin d'argent
La Wallonie a urgemment besoin d'argent
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - La Wallonie cherche de l'argent. Sa dette inquiète. Elle pourrait atteindre les 50 milliards d'euros en 2030. Si son budget comprend environ 15 milliards de recettes, son déficit est de 4 milliards par an.
Les dernières années n'ont pas été clémentes pour la région. Les aides apportées dans le cadre de la pandémie pour soutenir les secteurs d'activité mis sur pause ont plombé ses caisses. L'ardoise des dégâts provoqués par les inondations de la mi-juillet avoisine les deux milliards d'euros.
«Le gouvernement wallon va donc être forcé de manger les plats les plus difficiles d'ici la fin de la législature et il n'est pas en forme», concluait récemment un chroniqueur de la chaîne publique RTBF. «Il y a aussi une crise pour Elio Di Rupo. Le ministre-président a subi un camouflet sur son plan de relance, unanimement rejeté par le syndicat FGTB et l'Union wallonne des entreprises comme du saupoudrage à l'ancienne. Il reste deux ans à souffrir avant la campagne électorale de 2024.»
D'ici là, la région cherche à trouver de l'argent dans la poche du contribuable. Un décret a récemment fait beaucoup parler de lui: porté par le ministre du Budget et des Finances Jean-Luc Crucke, il entend taxer plus équitablement les voitures de catégorie supérieure que leurs propriétaires faisaient passer jusqu'ici pour de simples utilitaires afin d'éluder l'impôt. Le texte de loi a provoqué une crise au sein même du mouvement réformateur, le parti du ministre Crucke, où certains ont visiblement jugé qu'il allait froisser une partie de l'électorat libéral.
Depuis, les choses se sont calmées. Mais la problématique budgétaire reste inchangée : la Wallonie a plus que jamais besoin d'argent. Faute d'en percevoir suffisamment, elle doit se serrer la ceinture. Mais où faire les économies préconisées par le rapport des experts commis au chevet du malade wallon?
La dette régionale risque de doubler
«Actuellement, l'interrogation reste sans réponse», écrit Le Soir. «Mais elle est aussi parfaitement légitime, notamment dans les discours de l'opposition: l'effort annoncé figure bien au budget approuvé par la majorité à la veille de Noël. La méthode est cependant étonnante: on se fixe un objectif, sans mettre sur la table les voies et moyens qui permettront de l'atteindre.»
Les experts esquissent pourtant un horizon plus que bouché, estimant que «la soutenabilité de la dette régionale n'est pas assurée». Aujourd'hui, elle est de 27 milliards d'euros, soit près de deux fois le montant des recettes. Comme écrit ci-dessus, elle menace de quasiment doubler d'ici la fin de la décennie. L'audit budgétaire préconise la stabilisation d'abord, puis la réduction ensuite du taux d'endettement.
Trouver où faire des économies
Les premiers 150 millions d'euros d'économies ont été inscrits au budget 2022. Mais des voix se sont élevées dans la majorité comme dans l'opposition pour s'inquiéter de l'effet cumulatif de cette mesure, puisqu'elle reviendra chaque année. Reste de surcroît à savoir où faire ces économies, sans nuire aux différentes politiques menées par la région …
Pour ajouter à ce tableau, il convient de parler de la situation budgétaire plus que bancale de la fédération Wallonie-Bruxelles qui vient de fêter ses cinquante ans. Sa dette dépasse les dix milliards d'euros et menace sa survie. Chaque parti a son idée sur l'avenir de ce niveau de pouvoir chargé de piloter l'enseignement, le sport et la culture francophones. La prochaine réforme de l'Etat, annoncée pour l'après-2024 et de nouvelles élections, pourrait sceller définitivement son sort.
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