La violence des narcotrafiquants hante la Belgique
La violence des narcotrafiquants hante la Belgique
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles)
En fin de semaine dernière, des cocktails Molotov ont été lancés contre l'hôtel de ville et le palais de justice de Malines, ville flamande située au nord de Bruxelles. Les deux bâtiments ont été endommagés.
L’«attaque» a fait suffisamment de dégâts au palais de justice pour que le complexe cellulaire, le lieu où les détenus attendent de se rendre à l'audience, soit momentanément inutilisable. Dans l’immédiat, les prisonniers n’ont plus été transférés au palais de justice, ce qui a eu des conséquences sur les séances de la chambre du conseil.
La même nuit, un troisième cocktail Molotov a explosé dans la rue, cette fois sans faire de dommages. Les auteurs n'ont pas été appréhendés. Le bourgmestre libéral Alexander Vandersmissen s’est dit choqué: «Ce sont des faits très graves: c'est un incendie criminel. Il y a de lourdes sanctions pour cela et nos services de police travaillent jour et nuit à l’enquête. C'est totalement inacceptable.»
Les rixes se multiplient
A l’heure actuelle, le ou les coupables courent toujours. Si les preuves manquent à ce stade, l’hypothèse d’un nouvel acte criminel lié au trafic de la drogue vient naturellement à l’esprit. Depuis plusieurs années, la violence des gangs frappe en différents points du pays. Particulièrement à Anvers, la porte d’entrée de la cocaïne et d’autres stupéfiants en Europe. Début janvier, un règlement de compte entre bandes rivales y a coûté la vie à une adolescente de 11 ans. A Bruxelles, les marchands de drogue s’affrontent à même la rue. Ces rixes ont fait un mort et plusieurs blessés au cours des derniers mois.
Les autorités disent tout faire pour canaliser cette violence et arrêter les coupables. Mais les gangsters paraissent souvent avoir plusieurs coups d’avance.
Le libéral Vincent Van Quickenborne, actuellement ministre de la Justice, a dû être de nouveau placé en lieu sûr et mis sous protection rapprochée après avoir reçu des menaces de mort. À la fin septembre, «Van Quick» et sa famille avaient pu quitter leur planque, mais début décembre, ils ont dû la retrouver en raison d'une nouvelle augmentation du risque. La semaine dernière, un sixième suspect a été interpellé aux Pays-Bas dans le cadre de cette affaire.
Van Quickenborne n’est pas seul à faire l’objet de menaces et à bénéficier d’une protection spécifique. Il en va de même pour la ministre de la Défense Ludivine Dedonder, le Premier ministre Alexander De Croo ou encore la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden. Certains ministres régionaux sont également protégés en Flandre et en Wallonie, tout comme le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever. Ce dernier est allé jusqu’à demander l'appui de l'armée dans sa ville pour lutter contre les trafiquants de drogue. Il cherche ainsi à rassurer la population qui, selon un sondage, juge trop «soft» les mesures prises pour lutter contre la drogue dans la métropole.
63 nouveaux dossiers ouverts en 2022
Le milieu de la drogue est inévitablement pointé du doigt. En 2022, 63 nouveaux dossiers ont été ouverts suite à des menaces proférées par des narcotrafiquants ou sur les réseaux sociaux. Des politiciens, mais aussi des magistrats et des journalistes. En tout, 122 personnes reçoivent une sécurité renforcée.
La drogue n’expliquerait cependant pas tout. «Il y a une forme d’exacerbation du débat, de polarisation via les réseaux sociaux, ce qui peut conduire à une violence symbolique ou matérielle», explique au Soir le politologue Pascal Delwit (ULB). «Il y a également une forme de désacralisation de la forme politique.»
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