La réforme belge des pensions dans les starting-blocks
La réforme belge des pensions dans les starting-blocks
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Un dossier promet de faire parler de lui ces prochains mois : la réforme des pensions. Elle fut annoncée comme l’un des points phares de la législature lors de la formation de la coalition Vivaldi du Premier ministre Alexander De Croo, en octobre 2020. Nous y voilà.
Entre 2014 et 2018, le gouvernement Michel s’était déjà attaqué à cette montagne. Il avait reculé d’emblée l’âge de la sortie du travail de 65 à 67 ans (en 2030). Il avait partiellement rapproché les différents régimes de retraite (indépendants, employés du secteur privé et fonctionnaires), mais il n’avait pu aboutir sur l’épineuse question de la «pénibilité des métiers».
En somme, qui serait reconnu comme ayant exercé un métier pénible pourrait partir plus tôt à la retraite. Aborder ainsi le problème revenait fatalement à exacerber tous les corporatismes. Et l’affaire avait fait flop…
Un «bonus pension» passé 67 ans
Le gouvernement De Croo part d’une base différente à l'occasion de cette rentrée politique. Si l’âge de la retraite reste fixé à 67 ans, le système devrait faire preuve de plus de souplesse pour les travailleurs âgés en adoucissant les dernières années de carrière.
Le 8 juin dernier, la conclusion d’un accord social a apporté un premier bol d’oxygène en leur donnant notamment la possibilité de passer à mi-temps à 55 ans (au lieu de 57 ans). Mais la question des fins de carrière doit encore faire l’objet d’une large conférence qui réunira les acteurs du dossier les 7 et 8 septembre. Autre nouveauté potentielle: une entreprise belge pourrait demain engager une personne formée par celle qu’elle est appelée à remplacer.
Enfin, un «bonus pension» pourrait récompenser ceux qui continuent à exercer au-delà de l’âge légal de la retraite.
Le relèvement de la pension minimale mensuelle à 1.500 euros est déjà acquis pour une carrière complète. Mais 1.500 euros nets ou bruts ? Ce point divise libéraux et socialistes au sein du gouvernement.
Il est encore question d’une éventuelle augmentation des cotisations sociales des indépendants, de la fin de certains régimes spéciaux (Défense, SNCB…), etc. Sans surprise, l’ambition de cette réforme dépendra en partie de l’enveloppe budgétaire. Le système réformé devra être soutenable, tout en veillant à maintenir le maximum de personnes le plus longtemps au travail.
En dépit de la crise sanitaire, les chiffres sont plutôt bons. Selon une étude récente livrée par l’Université de Gand, le taux d'emploi des 25-64 ans est resté stable, passant de 73,6% en 2019 à 73,5% aujourd'hui. Les mesures gouvernementales ont permis de limiter les dégâts. L’objectif reste toutefois d’atteindre les 80% en 2030. Cela passe inévitablement par un relèvement du taux d’emploi des 55-64 ans. De 30% à peine au début des années 2000, il a atteint 55,6% en 2020 mais il reste sous la moyenne européenne des 59,6%.
Chaque parti gouvernemental a son idée sur ce que doivent être les retraites du futur. La droite craint de toute évidence un excès de générosité. L’open VLD (libéral flamand) souhaite ainsi qu’en échange d’une revalorisation de la pension minimale l’accès à la retraite soit durci : le demandeur devrait réellement avoir travaillé au moins 20 ans, sans tenir compte des années de chômage ou de maladie. Le mouvement réformateur (libéral francophone) est sur la même longueur d’ondes.
Sur le bord d’en face, le socialiste Paul Magnette n’en veut pas. Il craint notamment que de nombreuses femmes soient exclues du système. La rentrée s’annonce tendue…
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