La «pire semaine» de Paul Magnette
La «pire semaine» de Paul Magnette
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles)
«Notre objectif, c'est de rendre ses lettres de noblesse à notre parlement et d'assurer le débat démocratique. Le défi est immense…» Le socialiste André Frédéric a choisi ses mots mercredi au moment de prendre place au perchoir de l'assemblée parlementaire wallonne. Car bien qu'ils n'aient rien à se reprocher, les députés régionaux devront faire preuve de beaucoup conviction pour faire oublier à l'électeur le nouveau scandale qui vient de secouer leur institution.
André Frédéric succède dans des conditions difficiles à Jean-Claude Marcourt, socialiste lui aussi. Ce dernier a fini par démissionner après que la presse a révélé sa présence à Dubaï lors d’un voyage effectué en compagnie du greffier du Parlement. Soit 19.000 euros pour une semaine, alors que les comptes de la Wallonie s'enfoncent dans le rouge.
Nous avons tardé à réagir.
André Frédéric (Président du parlement wallon)
Circonstance aggravante: le greffier avait défrayé la chronique quelques semaines auparavant en raison de faits présumés de harcèlement moral sur des subalternes et de dépenses injustifiées. «Certaines plaies sont encore ouvertes. Nous avons tardé à réagir. Désormais, nous allons prendre le temps de redonner à chacun la confiance nécessaire pour permettre à notre institution de fonctionner dans un climat serein et apaisé», a poursuivi André Frédéric.
Le défi du nouveau président du Parlement est double. D'une part, il va devoir s'atteler à redorer l’image du monde politique wallon. De l'autre, il devra par son travail contribuer à rendre du crédit au parti socialiste, son parti, à un peu plus d’un an des élections.
On ne compte plus le nombre d'affaires qui ont frappé le PS francophone au cours des trente dernières années. Mais celle-ci tombe au moment où, selon les sondages, le parti est talonné par les libéraux du MR et par les communistes du PTB, ces derniers capitalisant sans grand risque sur les erreurs et les errements des socialistes.
Paul Magnette affirme pour sa part que «c'est la pire semaine» qu'il a vécue depuis qu'il a accédé à la présidence du parti socialiste, en 2019. À l'affaire du greffier, à la démission (forcée) de Jean-Claude Marcourt, s'ajoutent en effet les soupçons qui pèsent sur l'eurodéputé PS Marc Tarabella dans le scandale qui ébranle le Parlement européen. Tarabella est pointé par l'ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri comme destinataire de «cadeaux» du Qatar.
Du matelas au coussin
Lundi, Paul Magnette a réuni une centaine de responsables socialistes dans les locaux de la Bibliothèque royale à Bruxelles pour une réunion «cathartique». Il aurait notamment déclaré que le PS est «redevenu le partij schandaal au nord du pays.» Des médias flamands ont en effet rappelé en détails les affaires qui ont bousculé les socialistes au cours des dernières décennies.
À suivre des personnalités du PS, tout cela alimente un sentiment de ras-le-bol parmi les troupes, mais complique aussi singulièrement la vie des ministres «rouges» dans les différents gouvernements. Le PS n'oublie pas qu'en 2017, alors qu’il faisait face au scandale Publifin, il a été jeté dans l'opposition au Parlement wallon par son allié humaniste qui l'a subitement jugé «infréquentable», avant de faire cause commune avec les libéraux pour diriger la région.
Selon Le Soir, «c'est la quatrième vague (de scandales), inqualifiable encore à ce stade (...) L'enquête au Parlement européen se poursuit. L'insécurité gagne les rangs. Entre le PS d'hier en gros à 35 % des voix et celui, disons, à 25 % aujourd'hui, on passe du matelas au coussin, une chute ça peut faire mal. »
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