La dépénalisation de l’IVG bloquée en Belgique
La dépénalisation de l’IVG bloquée en Belgique
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - La nouvelle loi qui a pour objectif de dépénaliser complètement l’avortement en Belgique aurait dû passer comme une lettre à la poste. Une majorité s’était clairement prononcée le 27 novembre dernier en commission Justice de la Chambre pour entériner ce texte qui doit libérer une fois pour toutes les femmes désireuses de subir une interruption volontaire de grossesse.
Celles-ci pourraient désormais avorter après 18 semaines de grossesse et non plus 12, comme c’est le cas actuellement. Quant au délai de réflexion entre le premier rendez-vous et l’IVG, il devrait être ramené de six jours à 48 heures.
De nombreux partis soutenaient alors la nouvelle loi. A savoir, les socialistes et les écologistes flamands et francophones, les libéraux-sociaux de DéFI, les communistes du PTB, mais aussi les libéraux du Mouvement réformateur, le parti de Charles Michel.
Toutefois, au cours des dernières semaines, le vote du nouveau texte législatif a été reporté plusieurs fois dans des circonstances jugées obscures par ses partisans. Et si l’on cherchait à enterrer la loi ? A force de procédures, ceux-ci sont malgré tout parvenus à imposer la tenue d’une réunion ce vendredi afin de voter l’ensemble du texte.
Mais à bien y regarder, les soutiens de la loi dépénalisant l’avortement ont fondu comme neige au soleil. Il n’y a plus désormais que les socialistes et les écologistes, ainsi que les communistes du PTB pour l'appuyer. Quant aux libéraux, ils ont fait un pas en arrière. Fermement opposés au texte, les nationalistes flamands de la N-VA et le Vlaams Belang (extrême droite) ferment la marche.
L’avortement s’est en réalité invité au cœur des négociations censées conduire à la formation du futur gouvernement fédéral. Dimanche dernier, l’ex-informateur Paul Magnette (PS) n’a pas caché que si les chrétiens-démocrates flamands du CD&V le souhaitaient, les questions éthiques pourraient être discutées dans le cadre des négociations gouvernementales. Et pour cause: ceux-ci sont nécessaires à la formation d'une majorité.
Pour le CD&V, l’extension de la législation sur l’avortement est une limite à ne pas franchir. Et, dans cette affaire, les chrétiens-démocrates flamands ont un avantage. Joachim Coens, leur nouveau président qui avait averti que son parti ne monterait pas dans un gouvernement si la nouvelle loi était votée à la Chambre, compose en ce moment le duo d’informateurs royaux avec le libéral Georges-Louis Bouchez. Si sa mission exige une certaine neutralité, il n’en est pas moins bien placé pour faire passer les vues et les attentes de son parti.
Les chrétiens-démocrates peuvent en outre compter sur l’appui d’une partie des libéraux, francophones et flamands.
L’opposition est vent debout. Sofie Merckx, une femme médecin qui milite dans les rangs communistes de longue date, ne décolère pas : « Je pensais que le Parti socialiste de Paul Magnette avait une position de principe importante. Utiliser les droits des femmes comme monnaie d’échange de la négociation fédérale serait inacceptable. »
Si malgré tout le texte est voté ce vendredi, les députés chrétiens-démocrates, mais aussi ceux de la N-VA et du Vlaams Belang, demanderont un avis du Conseil d’Etat. Rien ne dit ainsi que l’avortement sera complètement dépénalisé durant cette législature mourante.
