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La crise s'amplifie pour Trump
International 4 min. 27.09.2019 Cet article est archivé

La crise s'amplifie pour Trump

A 400 jours du scrutin, le président Donald Trump est sous la menace d'une procédure de destitution

La crise s'amplifie pour Trump

A 400 jours du scrutin, le président Donald Trump est sous la menace d'une procédure de destitution
Photo: AFP
International 4 min. 27.09.2019 Cet article est archivé

La crise s'amplifie pour Trump

Le scandale qui secoue la Maison Blanche s'est fait encore plus retentissant jeudi avec la publication des accusations d'un lanceur d'alerte, qui reproche au président d'avoir «sollicité l'ingérence» de l'Ukraine dans sa campagne de réélection.

(AFP). -  A quelque 400 jours du scrutin, le président américain est sous la menace d'une procédure de destitution qui a peu de chances d'aboutir, mais représente la crise la plus aiguë de son mandat.

«C'est une honte», les démocrates se conduisent«comme des pirates», «il doit y avoir un moyen de les arrêter», a éructé le milliardaire républicain, visiblement touché par ce qu'il qualifie à la fois de «blague» et de «pire chasse aux sorcières de l'histoire des Etats-Unis».


En pratique, Donald Trump a peu de chance d'être destitué de ses fonctions
Une procédure de destitution lancée contre Donald Trump
Les démocrates ont lancé mardi à Washington la première étape d'une mise en accusation solennelle du président américain, soupçonné d'avoir demandé au président ukrainien d'enquêter sur son rival politique Joe Biden.

De son côté, l'opposition l'a comparé à un«chef mafieux»et s'est emparée jeudi du document du lanceur d'alerte pour accuser la Maison Blanche d'avoir cherché à «étouffer» le scandale. 

Celui-ci est né d'un appel téléphonique, il y a deux mois, entre Donald Trump et son homologue ukrainien. Lors de leur échange, le président américain a demandé à Volodymyr Zelensky d'enquêter sur l'ancien vice-président démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020.

Un mystérieux lanceur d'alerte

«Le président ukrainien a dit que je ne l'avais pas contraint à faire quoi que ce soit de mal. Il ne peut y avoir de meilleur témoignage que ça», a tweeté jeudi soir Donald Trump.

La conversation a perturbé un mystérieux lanceur d'alerte, membre des services de renseignement qui, début août, a transmis ses inquiétudes à sa hiérarchie. 

Le président «a utilisé les capacités de sa fonction pour solliciter l'ingérence d'un pays étranger dans l'élection de 2020», dénonce-t-il dans ce document, rendu public après un bras de fer entre le Congrès et l'exécutif.

Les avocats de la Maison Blanche sont ensuite «intervenus pour "verrouiller" toutes les archives liées à l'appel téléphonique», notamment en ordonnant de les conserver dans un «système électronique distinct» de celui utilisé habituellement, ajoute-t-il. Pour lui, cela prouve que l'entourage du président «comprenait la gravité de ce qui s'était passé».

«Etouffer» l'affaire

Le lanceur d'alerte, dont l'identité n'a pas été révélée, précise ne pas avoir directement assisté à l'appel mais avoir échangé avec plus d'une demi-douzaine de responsables «très perturbés» par l'échange. D'après le New York Times, il s'agit d'un homme, employé de la CIA qui fut un temps détaché à la Maison Blanche.

Ses avocats ont reproché au journal de mettre leur client en danger «pas seulement sur le plan professionnel mais aussi personnel». «Vous savez ce qu'on faisait au bon vieux temps (...). Les espions et la trahison, on traitait ça un peu différemment qu'aujourd'hui...», a d'ailleurs glissé Donald Trump lors d'un échange privé, qui a fuité dans le Los Angeles Times.

Le mépris du président pour la Constitution est chaque jour plus évident

Officiellement, la Maison Blanche minimise la portée de son signalement, «une compilation de récits de troisième main et d'articles de presse» qui ne montre «rien d'inapproprié». Mais pour la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, le lanceur d'alerte a mis au jour «une manoeuvre pour étouffer» l'affaire.

«Nous devons mener une enquête pour clarifier les faits», a poursuivi Mme Pelosi, qui a longtemps freiné l'aile gauche du parti démocrate désireuse d'initier une procédure de destitution contre Donald Trump. Mais, a-t-elle ajouté, «le mépris du président pour la Constitution est chaque jour plus évident».

«Formidable»

La veille, la publication du compte rendu de la conversation téléphonique entre MM. Trump et Zelensky avait également suscité des réactions aux antipodes, les deux dirigeants qualifiant leur échange de «normal», les démocrates le jugeant «accablant».

Dans cette discussion, l'asymétrie de la relation est notable. Les Etats-Unis ont « été très très bons à l'égard de l'Ukraine" sans que cela ait été « forcément réciproque», souligne Donald Trump, avant d'évoquer Joe Biden et les affaires en Ukraine de son fils Hunter.


The US Capitol is seen on September 25, 2019 in Washington, DC. - President Donald Trump maintained that he had exerted "no pressure" on Ukraine, as the White House released a call transcript confirming he had asked Kiev to probe his political rival Joe Biden. (Photo by MANDEL NGAN / AFP)
Trump a bien demandé une enquête sur Biden
Le président des Etats-Unis a bien évoqué à son homologue ukrainien d'investiguer sur son rival démocrate, selon la transcription d'un appel téléphonique entre les deux dirigeants rendue publique mercredi par la Maison Blanche.

«Cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus», dit-il à Volodymyr Zelensky, un novice en politique élu en avril à la tête de son pays très dépendant du soutien américain. Quelques jours avant l'appel entre les deux dirigeants, Donald Trump avait d'ailleurs gelé près de 400 millions de dollars d'aide destinée à Kiev, qui ont finalement été débloqués début septembre.

Les démocrates le soupçonnent d'avoir utilisé ce levier pour faire pression sur M. Zelensky. Forts de leur contrôle à la Chambre des représentants, ils pourraient bien mettre Donald Trump en accusation («impeachment» en anglais). Toutefois, il a peu de chances d'être destitué, les républicains ayant gardé la majorité au Sénat qui serait ensuite chargé de le juger.


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