La Communauté française en piteux état financier
La Communauté française en piteux état financier
De notre correspondant Max Hellef (Bruxelles) - La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est dans une situation budgétaire plus que délicate. Celle que l’on appelle aussi la «Communauté française» devrait face d’ici cinq ou six ans à une dette d’une dizaine, voire d’une douzaine de milliards d’euros. Un coup dur pour cette institution qui a dans ses attributions la culture, l’enseignement, l’aide à la jeunesse ou encore le sport des Belges francophones.
Selon l’ancienne ministre francophone de la Culture, l’humaniste Alda Greoli (CdH), «le stock de la dette ne cesse de croître». «On va passer de 6,76 milliards fin 2018 à 10,78 en 2024, en six années donc. La dette grimpera deux fois plus vite que dans les douze années précédentes», déclare-t-elle au journal Le Soir. Elle ajoute: «Il y a une décennie, la durée moyenne d’un emprunt (contracté par la Communauté française) était de 6,5 ans. On est désormais à 11,5 ans. Pour l’anecdote, un emprunt récent a été conclu sur une durée de 70 ans!»
Sans surprise, l’ancienne ministre accuse la nouvelle majorité – qui unit socialistes, écologistes et libéraux – de ne pas prendre suffisamment en compte une situation budgétaire jugée catastrophique. Une telle dette, affirme-t-elle, pourrait aller jusqu’à remettre en question l’existence même de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ses compétences, estiment en effet de longue date ses adversaires, pourraient être assumées par les Régions wallonne et bruxelloise. Le mikado institutionnel francophone en serait simplifié…
Seuls l’Italie et le Luxembourg font pire que nous
Pour le nouveau ministre francophone du Budget, le socialiste Frédéric Daerden, la croissance de la dette est justifiée par «la nécessité de mener à bien toute une série de réformes indispensables dès aujourd’hui mais aussi pour les générations futures, notamment en matière d’enseignement avec le Pacte d’excellence.» Ce «pacte» doit améliorer l’enseignement prodigué aux enfants et adolescents de la Communauté française, tout en réduisant le redoublement de 50%.
Chaque test PISA est l’occasion de rappeler que ces réformes sont plus urgentes que jamais. La dernière livraison en date démontre que, du côté francophone, les compétences des élèves en matière de lecture sont en léger recul. La Fédération Wallonie-Bruxelles se classe en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, avec 481 points contre 487. «Seuls l’Italie et le Luxembourg font pire que nous», écrit Le Soir.
Cette nouvelle contre-performance plaide à son tour en faveur d'une remise à plat de l'enseignement primaire et secondaire francophone, pourtant l’un des mieux financés au monde. Une autre réforme dite «de la formation initiale des enseignants» doit conduire par ailleurs ces derniers à une pédagogie plus efficace.
En novembre dernier, le nouveau ministre-président de la FWB Pierre-Yves Jeholet (MR, libéral) assurait qu’il n’y aurait pas de mise à la diète, que les réformes décidées par le passé seraient bien financées. A le suivre, ce serait le prix à payer pour sortir de la spirale infernale où tournoie l’enseignement francophone.
Le problème ne se circonscrit toutefois pas à la seule école. Il atteint aussi le sport de haut niveau et la culture, qui régulièrement crient famine. Mais aussi la structure elle-même. En vertu de la dernière réforme de l’Etat négociée sous la houlette du socialiste Elio Di Rupo en 2010-2011, la Communauté française va devoir progressivement prendre en charge une part du coût des pensions de ses fonctionnaires nommés. Une véritable quadrature du cercle...
