La Commission européenne va décider de nouvelles sanctions
La Commission européenne va décider de nouvelles sanctions
(m. m. avec Diego VELAZQUEZ) - L'Union européenne est sous pression: de nombreux politiques s'accordent à dire que les images atroces de Boutcha apportent une nouvelle dimension à la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine. Dans cette commune de la banlieue de la capitale ukrainienne Kiev, des centaines de corps ont été découverts ce week-end après le retrait des troupes russes. Certains gisaient dans la rue, les mains liées. «Je suis horrifié par l'assassinat de civils innocents», a déclaré le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel (DP).
La pression augmente donc sur l'Union pour qu'elle se mette rapidement d'accord sur de nouvelles mesures de rétorsion contre Moscou. D'autant plus que le rouble russe semble se redresser après une première vague de sanctions dévastatrices. On peut certes discuter de la mesure dans laquelle cela révèle l'inefficacité des sanctions occidentales contre la Russie. Mais il semble en revanche clair que les exportations d'énergie du pays vers l'UE permettent à Vladimir Poutine de maintenir l'économie russe en vie.
Cette dynamique a conduit ces derniers jours certains pays de l'UE, autrefois sceptiques quant à un embargo sur l'énergie, à changer d'avis.
Berlin continue de freiner sur le gaz
«Nous ne serons pas ceux qui fermeront les yeux sur les crimes de guerre et diront ensuite que les intérêts économiques sont plus importants», estime par exemple le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio. Mais d'autres Etats de l'UE continuent d'hésiter. Les sanctions n'ont de sens que si elles ne vous touchent pas plus que la Russie, dit-on par exemple en Autriche ou en Belgique.
L'Allemagne aussi freine encore des quatre fers à ce sujet. Le ministre allemand des Finances Christian Lindner s'est toutefois montré prêt lundi à discuter de l'arrêt des importations de charbon et de pétrole. «Rien n'est acquis et nous pensons que c'est plus vrai aujourd'hui que jamais», a déclaré à ce sujet le commissaire européen aux Affaires économiques Paolo Gentiloni.
Mais il est important de rester unis, a prévenu le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire en marge d'une réunion de l'UE mardi. Paris s'est également prononcé récemment en faveur de sanctions dans le domaine de l'énergie.
Le Luxembourg fait preuve d'attentisme
Le gouvernement luxembourgeois se montre attentiste. Le Premier ministre Bettel a récemment insisté sur une politique de sanctions graduelles. Il n'a toutefois pas précisé à partir de quand des mesures plus fortes seraient envisageables pour lui. Le ministre de l'Énergie Claude Turmes (Déi Gréng) renvoie à la complexité de la question.
Le Luxembourg, qui, selon les estimations maximalistes du ministère de l'Énergie, n'achète que 25% de sa part de gaz à la Russie, n'en est «pas dépendant», selon Turmes: «Enovos nous a en outre assuré qu'il n'y avait pas de gaz russe dans les contrats de livraison de gaz existants et qu'il n'en achèterait pas non plus à l'avenir. Cependant, nous avons des partenaires européens, dont l'Allemagne et des pays d'Europe de l'Est, qui sont beaucoup plus dépendants, et donc, politiquement parlant, une décision d'embargo ne peut être qu'une décision européenne, qui tient également compte de la position de ces pays».
Le charbon dans le collimateur de la Commission
En attendant, un nouveau paquet de sanctions de la Commission européenne sera débattu ce mercredi par les représentants des Etats membres à Bruxelles. Les idées de Bruxelles, présentées ce mardi par la cheffe de la Commission, montrent qu'un vaste embargo sur l'énergie ne fait pas encore l'objet d'un consensus.
Outre d'autres sanctions liées aux personnes et des mesures de rétorsion dans le domaine financier, l'UE ose toutefois s'attaquer pour la première fois au secteur de l'énergie sous la forme d'un embargo sur le charbon russe. En outre, la présidente de la Commission a révélé que ses services travaillaient sur d'autres mesures de rétorsion qui pourraient concerner le secteur pétrolier. En revanche, Ursula von der Leyen n'a rien dit sur les possibilités de stopper les importations de gaz.
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