La Belgique vaccine en toute égalité
La Belgique vaccine en toute égalité
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - Leurs visages ont fait la une des journaux. Il a fallu beaucoup attendre mais on a fini par connaître le nom des personnes qui recevront en premier ce lundi le vaccin produit par Pfizer/BioNTech. Pour ne pas faire de jaloux, il sera inoculé simultanément aux pensionnaires de maisons de repos sises en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie.
Tout au long de la semaine écoulée, il n’aura été question que de ce vaccin contre le covid produit à Puurs, au sud d’Anvers, et à son acheminement vers les vingt-sept pays de l’Union européenne. Les images montrant des départs de camions réfrigérants sous haute surveillance policière ont tourné en boucle sur les télés. Le bourgmestre de Puurs, commune flamande rendue prospère par l’industrie pharmaceutique, a donné des dizaines d'interviews à la presse mondiale venue se rendre compte sur place comment est produit le «vaccin qui va sauver la planète».
Une fois dégelés, les premiers vaccins seront inoculés ce lundi dès 11 heures tapantes. Mais ce n’est que le 5 janvier que la vaccination à grande échelle pourra commencer. Après les pensionnaires des centres de soins résidentiels, le personnel hospitalier et de première ligne pourrait être vacciné à partir de mars. Cette phase comprendra également les centres pour handicapés. Puis ce sera au tour des patients à risque, tels que les personnes atteintes de maladies chroniques et les plus de 65 ans. On parle cette fois du mois de mai, mais tout dépendra en réalité de l'approvisionnement en vaccins. Or seul celui de Pfizer est actuellement approuvé en Europe. Il nécessite en outre deux injections pour être efficace contre le coronavirus.
La question est bien sûr de savoir quelle proportion de Belges acceptera d’être vaccinée, ce geste étant volontaire jusqu’à preuve du contraire. Selon une étude de l’institut de santé publique Sciensano, l’adhésion va croissant dans la population. 60% des 18 ans et plus disent vouloir se faire vacciner lorsque le produit sera disponible – soit + 10 % par rapport à septembre. D’autres chiffres montrent que le ralliement des jeunes à la vaccination ne cesse d’augmenter, cette tendance étant justifiée par la perspective d’un retour à la vie normale. Les éventuels effets secondaires du vaccin restent pour ses opposants la principale cause de rejet.
Théoriquement, pour atteindre l’immunité collective, 70% de la population devraient être vaccinés. Les autorités croisent les doigts pour y parvenir dans les conditions actuelles. Mais il n’est pas impossible qu’en cas d’échec, la vaccination obligatoire ou semi-obligatoire (selon la catégorie d’âge, le secteur d’activité, etc.) soit envisagée. Dans un récent rapport, un groupe d’experts travaillant pour le gouvernement fédéral a recommandé que cette éventualité soit débattue au plus vite, afin de ne pas risquer de mettre une fois encore la population devant le fait accompli.
En fin de semaine dernière, la barre des 19.000 décès attribués au coronavirus a été dépassée dans le royaume. L’arrivée de vaccins ouvre toutefois ici comme ailleurs sur des perspectives optimistes, même si les contaminations peinent à continuer leur descente et si la dispersion du variant du virus VOC 202012/01 du Royaume-Uni à d’autres pays européens impose de redoubler de vigilance. Pour le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, «le vaccin, c’est vraiment la solution définitive. C’est aussi le grand espoir. La combinaison de la science et de notre capacité d’être solidaires sera le facteur de notre victoire. Parce qu’on va vaincre ce virus. Quand ? Je ne sais pas…»
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