La Belgique sur un air de sirtaki
La Belgique sur un air de sirtaki
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Comparer la Belgique à la Grèce? L'ex-informateur Johan Vande Lanotte n'a pas hésité à passer le pas dans une récente interview au Soir. «La Belgique n'a rien d'exceptionnel, a affirmé le socialiste flamand. Regardez la Grèce. Syriza, «l'exemple de la gauche», a fait un gouvernement avec des nationalistes bien plus à droite que ceux de la N-VA. Et de sermonner: «Les électeurs ne peuvent pas critiquer le changement qu'ils ont eux-mêmes causé».
Ce changement prendra du temps. Presque cinq mois après les élections du 26 mai, la Belgique n'a toujours pas de gouvernement fédéral. Et bien malin qui peut déterminer aujourd'hui la position exacte des acteurs de négociations on ne peut plus discrètes.
Le dernier scrutin a morcelé un peu plus le paysage politique belge, en diminuant le poids des partis traditionnels. Il ne suffira plus cette fois que le Mouvement réformateur de Charles Michel s'aligne aux côtés de la droite flamande comme il le fit en 2014 pour former un gouvernement. On parle ici de l'addition de cinq, voire de six partis.
PS et N-VA se reniflent
«Il est sûr que le PS et la N-VA vont devoir coopérer, avance toutefois un observateur. On ne peut pas imaginer qu'un de ces deux partis ne soit pas au pouvoir. Mais il faut qu'ils donnent l'impression d'avoir essayé toutes les solutions afin que l'électeur admette que leur association est inévitable. Je parie sur une annonce au printemps.»
Dans les faits, l'extrême droite flamande est hors circuit. Les Verts refusent de coopérer avec les nationalistes de la N-VA. Les négociations mobilisent donc encore - aux côtés de la N-VA et du PS - les libéraux du nord et du sud du pays, ainsi que les chrétiens-démocrates et les socialistes flamands.
Alors, en attendant, PS et N-VA se reniflent. La visite officielle du couple royal au Grand-Duché a permis au socialiste Elio Di Rupo et au nationaliste Jan Jambon, respectivement ministres-présidents de Wallonie et de Flandre, de se rencontrer. S'il n’y a pas eu de discussions officielles, le signe est encourageant. Côté PS, l'arrivée imminente à la présidence du parti de Paul Magnette pourrait doper la machine.
«Il y aura des perdants»
Bart De Wever n'est plus seul à dire qu'il faut presser le pas. Les socialistes flamands veulent aussi voir les choses s'accélérer au fédéral: «Si ce n'est pas le cas, nous ne répondrons plus aux invitations des pré-formateurs», avertit dans Het Belang van Limburg le sp.a par la voix de Meryame Kitir. «Nous sommes en affaires courantes depuis janvier et beaucoup de choses sont à l’arrêt. Si ce sentiment d'urgence n'est pas présent, nous ne répondrons plus aux sollicitations des pré-formateurs.
Chez les chrétiens-démocrates flamands, c'est Koen Geens, le vice-Premier ministre du gouvernement en affaires courantes, qui dit ne pas envisager pour l'instant la possibilité d'aller vers un gouvernement fédéral minoritaire côté flamand. La N-VA, il faut le rappeler, n'est pas indispensable à la confection du prochain exécutif. Mathématiquement en tout cas.
Politiquement, c'est autre chose: les partis du nord qui accepteraient de gouverner avec les francophones en ne disposant que d'une minorité linguistique néerlandophone à la Chambre signeraient probablement leur arrêt de mort aux prochaines élections.
«Si chacun campe sur ses positions, prévient ainsi le socialiste Johan Vande Lanotte, il faudra repasser par la case élections. «Il y aura des perdants et ce ne seront pas les partis aux extrêmes comme le Belang. Pas la peine de rêver…»
