La Belgique se prépare à accueillir ses F-35
La Belgique se prépare à accueillir ses F-35
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - La Belgique va donner davantage corps à son programme F-35, du nom du chasseur-bombardier produit par l'américain Lockheed Martin et appelé à remplacer les F-16 atteints par la limite d’âge.
150 millions d'euros vont être consacrés à partir de 2022 à la modernisation de la base de Florennes, en Région wallonne. Ils financeront la construction de quelque 40.000 m2 de bâtiments et de 110.000 m2 de voies de circulation. Les F-35, dont les 17 premiers exemplaires sont attendus en 2025, sont plus grands que leurs prédécesseurs. Ils demandent en conséquence des infrastructures plus amples. Les mêmes travaux auront lieu en parallèle sur la base flamande de Kleine-Brogel, au nord-est du pays. En tout, 300 millions d'euros auront été investis.
Sur chaque base, les nouveaux hangars seront capables d'abriter seize avions. Un hangar de maintenance pour six appareils est également prévu. Des simulateurs pour apprendre le pilotage du F-35 font partie du cahier des charges. Il va de soi que ces installations seront fortement sécurisées.
Au vu de la situation économique difficile que connaît le pays confronté à la crise sanitaire, de tels investissements peuvent étonner. «Oui, c'est un investissement colossal, mais il y a aussi un important retour pour l'économie, notamment en matière d'emplois», a tenu à préciser le ministre de la Défense Philippe Goffin. Précision: «L'essentiel des travaux sera mené par des entreprises belges, parfois européennes.»
«Je crois que la base de Florennes a un très beau futur», s'est réjoui pour sa part le général Frederik Vansina, commandant de la composante Air. «Il va falloir des pilotes, des techniciens ou encore des contrôleurs aériens. Beaucoup de jobs pour nos jeunes, donc, que nous attendons avec impatience.»
Air, mer et terre concernés
Ces mots apaiseront peut-être tous ceux qui annonçaient un avenir sombre à la base de Florennes, dans le prolongement de la fin de la Guerre froide et du désarmement qui a suivi. Au contraire, la Belgique ne compte pas tourner le dos à ses engagements atlantiques. L'achat des F-35 appelés à protéger le ciel du Benelux est estimé à 3,5 milliards d'euros. Au bout de quarante ans, ce sont 15 milliards qui auront été dépensés en achats, entretiens, pièces détachées, formations de pilotes, etc.
Mais pour l’heure, la Défense doit se contenter du 1,5 milliard d'euros investis dans le programme de modernisation de ses infrastructures, dont Florennes et Kleine-Brogel. Sont également prévues la refonte de l'aérogare de Melsbroek et de nouvelles installations au port de Zeebrugge. La composante Terre ne sera pas oubliée. Air, mer et terre: il y en aura pour tout le monde. De quoi mettre du baume sur les plaies d'une armée qui se dit régulièrement sous-financée, incapable dans ces conditions d'assurer toutes ses missions.
D'aucuns verront par ailleurs dans la modernisation de la base limbourgeoise de Kleine-Brogel un rappel de la confiance placée par la Belgique dans l'arme atomique. Le stockage d'une douzaine de ces bombes dans des chambres fortes construites à l'intérieur d'abris de protection pour avions fait figure de «secret le moins bien gardé du pays».
Classiquement, les autorités belges ne démentent ni ne confirment la présence de l'arme atomique à Kleine-Brogel. On se souviendra toutefois que le choix du nouveau chasseur-bombardier F-35 - en dépit d'une avalanche de critiques - prit notamment en compte sa capacité à transporter la bombe américaine (et ses secrets). Il devait fatalement être lui-même fabriqué par l'Oncle Sam?
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