La Belgique revoit sa stratégie de (dé)confinement
La Belgique revoit sa stratégie de (dé)confinement
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - La Belgique a décidé de revoir la stratégie de confinement-déconfinement qui aurait dû lui permettre, à chaque nouvelle alerte, de lever des «digues» capables de freiner l’épidémie de coronavirus. Puis de les abaisser le moment venu. Le «baromètre» qui aurait dû guider les autorités dans leurs décisions est «enterré», écrit Le Soir.
Depuis des mois, le développement de ce baromètre était entre les mains d’un groupe d’experts. Sur base de critères qu’il restait à identifier formellement (nombre de contaminations, admissions à l’hôpital, occupation des lits de soins intensifs…), il devait prédéterminer une gradation dans les paliers d’alerte, de «normal» à «très grave», et fixer les mesures censées stopper le virus et protéger la population.
L’objectif était d’éviter de déconfiner quand il fallait confiner, et vice versa. Plusieurs erreurs ont en effet été commises par les autorités, notamment à la sortie des grandes vacances. Bruxelles, qui avait imposé partout le port du masque, a été priée de l’enlever à la rentrée au moment même où le taux de contamination montait en flèche.
Le gouvernement d’Alexander De Croo veut éviter de tomber dans les ornières de l’équipe Wilmès alors que les premiers signes d’un recul de la pandémie sont enregistrés. Une semaine comparée à l’autre, le nombre moyen d'infections au coronavirus est en baisse de 46%. «La situation sanitaire reste très difficile, je me garderai de donner de faux espoirs», a toutefois indiqué le Premier ministre.
Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke prévient pour sa part qu’il «faudra maintenir les efforts encore longtemps.» Il annonce dans la foulée que «nous allons devoir revoir en profondeur l’idée d’un baromètre (…) développé à un moment où l’on pensait que, si une crise frappait à nouveau, on devrait renforcer les mesures. Mais nous avons bien dû constater que c’était hélas trop simple. Ce n’est pas l’outil dont nous avons besoin aujourd’hui.»
Il y a un mois pourtant, alors qu’il prenait ses fonctions, Alexander De Croo avait fait grand cas de cet outil de mesure pandémique. Il représentait à l'en croire la solution à de nombreux problèmes. D’où sans doute le bémol apporté mardi devant la commission de la Santé de la Chambre où Frank Vandenbroucke a quelque peu rétropédalé : «Ce baromètre doit être repensé en profondeur », a nuancé le socialiste flamand avant d’affirmer qu’il n’est pas complètement enterré.
Ces tergiversations laissent plus d’un observateur dubitatif. Le gouvernement De Croo a pris la décision de consacrer ce début de législature au combat contre la pandémie de coronavirus qui fait vaciller, ici comme ailleurs, la société sur ses bases. Mais la remise en cause du baromètre – et avec lui du travail des experts qui se sont attelés à sa création – ouvre un gouffre d’incertitudes. «Un automatisme sera-t-il possible? Ou faudra-t-il toujours une réflexion au préalable (avant de confiner/déconfiner)? Le ministre n'a pas tranché la question», souligne le quotidien L’Echo.
Frank Vandenbroucke se montre également prudent vis-à-vis du vaccin Pfizer. La Belgique s’est inscrite dans le cadre européen pour la fourniture de vaccins. Le ministre de la Santé attend l’avis de l’Agence fédérale des médicaments lundi prochain pour prendre attitude.
Quant au déconfinement, il ne devrait pas intervenir avant que le nombre de contaminations ne dégringole jusqu’à 50 par jour. Ce qui prendra des «dizaines de semaines», selon le virologue Marc Van Ranst.
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