La Belgique reporte son déconfinement
La Belgique reporte son déconfinement
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - Il y a quinze jours, un calendrier de déconfinement avait enfin été avancé. Restaurants, commerces non essentiels, secteur événementiel… allaient rouvrir progressivement, et la vie pourrait revenir presque à la normale.
Vendredi soir pourtant, le Premier ministre Alexander De Croo a affirmé n’avoir d’autre choix que d’annoncer une nouvelle série de décisions douloureuses, prises comme chaque fois au terme d’une concertation entre le fédéral et les Régions.
Les premières mesures concernent l’école et l’entreprise. Le retour au présentiel dans le secondaire est reporté et le masque sera obligatoire en primaire pour les 10-12 ans Si la tendance s’améliore, les cours en présentiel reprendront en secondaire à partir du 19 avril, avec «screening répétitif» (dépistage) des élèves comme des enseignants.
Des opérations de testing seront également menées dans les entreprises autorisées à accueillir leurs ouvriers et employés. Pour les autres, le télétravail reste une obligation.
Si vous vous rendez en Belgique, sachez que seuls les sièges à côté des fenêtres pourront être occupés dans les transports publics (sauf les journées scolaires). Cette mesure veut notamment épargner aux voyageurs les trains bondés qui ont desservi ces derniers week-ends les communes de la mer du Nord.
Quant aux activités en plein air qui devaient reprendre à partir du premier avril, elles sont mises de nouveau en suspens. Stages sportifs et camps, sans nuitées, seront toutefois autorisés pour les moins de 18 ans, mais limités à des groupes de 10 personnes.
«Le plan plein air est mis sur pause», a confirmé Alexander De Croo. « Nous ne pouvons pas nous permettre un assouplissement à ce stade », a-t-il poursuivi en disant viser une réouverture dès le 19 avril, à la fin des vacances de Pâques. Si - et seulement si - la pandémie est sous contrôle, les restaurants et les cafés pourront rouvrir le 1er mai.
Les chiffres sont sans appel. Le nombre d’admissions à l’hôpital est en hausse de 27%, en comparaison avec la semaine précédente. Les établissements hospitaliers ont enclenché une phase d’alerte supplémentaire en raison de l’arrivée croissante des malades en soins intensifs. Les nouvelles infections sont en hausse de 34%. Cette dégradation de la situation sanitaire est corrélée au relâchement et à la multiplication des contacts dans la population.
Les chiffres, toujours eux, révèlent une nouvelle cible virale. Cette fois, ce sont les jeunes de moins de 20 ans qui sont particulièrement infectés ainsi que la catégorie des 40-50 ans. D’où la probabilité que l’école soit devenue un lieu d’infection majeur, et que les écoliers transmettent à leur tour le virus à leurs parents.
Maintenir l’école ouverte a tenu lieu de point cardinal depuis le début de la seconde vague, en octobre dernier. Cette priorité est motivée par la nécessité de maintenir l’apprentissage des matières tout en veillant à sauvegarder la santé mentale des enfants et des adolescents. Ce schéma est toutefois remis en cause. Les différents ministres de l’Enseignement devront remettre des propositions lundi pour permettre à l’école de rester ouverte en dépit de la hausse des contaminations.
Une fois encore, l’espoir réside dans l’efficacité de la vaccination. Mais l’approvisionnement ne suit pas. 200.000 personnes devraient être vaccinées chaque semaine en Wallonie, mais seule la moitié reçoit effectivement la dose attendue en raison de l’incapacité des entreprises pharmaceutiques à fournir les quantités commandées.
Le problème n’est pas que quantitatif : plusieurs clusters sont apparus dans des maisons de repos où des pensionnaires pourtant vaccinés sont décédés. Le vaccin est-il dès lors vraiment efficace ? Les scientifiques répondent à la question en se disant confiants, seuls 10% des décès en séniories devant être attribués selon eux au coronavirus.
Deux hommes sortent grandis de ce chaos. Tout indique à l’heure actuelle que le Premier ministre Alexander De Croo et le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke ont eu raison de jouer les «bad cops» ces derniers jours. En milieu de semaine, De Croo a admonesté les patrons qui ne jouent pas le jeu du télétravail. Vandenbroucke, lui, a pris la responsabilité de continuer à faire confiance au vaccin AstraZeneca, suspect pourtant de provoquer des thromboses, et cela en dépit de sa suspension momentanée par de nombreux pays européens - dont le Luxembourg. Jeudi, l’Agence européenne du médicament lui a donné raison, moyennant quelques bémols.
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