La Belgique ôte (presque) le masque
La Belgique ôte (presque) le masque
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Un Comité de concertation (« codeco ») s'est tenu vendredi pour lever les dernières mesures destinées à lutter contre la pandémie de coronavirus. Ce codeco, qui a réuni comme à chaque fois les représentants des différents niveaux de pouvoir du pays, avait été plusieurs fois reporté. Face aux soubresauts du virus et de ses derniers variants, mieux valait ne pas précipiter les décisions. Cette fois, la réunion a été expédiée prestement, les ministres se contentant à son terme d'un vote électronique et s'épargnant la traditionnelle (et crispante) conférence de presse.
Les nouvelles sont bonnes. C’est avec soulagement que les Belges apprennent qu'ils vont pouvoir ôter le masque dès lundi dans les transports en commun. Il cessera d'être obligatoire dans les trains, trams, bus, métros et toute autre forme de transport en commun.
Le masque reste par contre obligatoire dans les hôpitaux, les cabinets médicaux et les pharmacies. La sécurité sanitaire en application lors des visites de soins à domicile passera en priorité par la distanciation sociale. Si la distance d'un mètre et demi ne peut être garantie entre le praticien et le patient, le masque sera alors de rigueur. Il sera en revanche simplement recommandé chez les dentistes, psychologues et autres kinésithérapeutes si la distance d’un mètre et demi ne peut être observée. La prudence reste cependant de mise puisque partout où le masque tombe, il reste malgré tout recommandé.
Plus de restrictions pour les voyages
Une autre décision fera plaisir aux vacanciers - et ils seront très nombreux cet été en dépit de la hausse des coûts. Le Comité de concertation abroge en effet toutes les restrictions concernant les voyages. Les déplacements non essentiels ne sont plus déconseillés. Les quarantaines, la vaccination et les tests restent obligatoires uniquement pour les voyageurs originaires ou de retour d’un pays où sévit un variant « inquiétant ».
Les navetteurs respirent
La fin du port du masque buccal dans les transports en commun était la mesure la plus attendue de ce Codeco. Ces derniers jours, tous les regards étaient tournés vers le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, réputé pour son intransigeance dans la lutte contre le virus. Le socialiste flamand avait fini par annoncer dans les médias qu’il ne s'opposerait pas à ce nouvel assouplissement. Le syndicat des médecins Absym et les représentants des dentistes appuient eux aussi la mesure qui permettra à des dizaines de milliers de navetteurs de respirer enfin librement dans les transports en commun.
Mais le même Frank Vandenbroucke a douché les esprits un peu plus tôt en semaine en demandant de blinder le recours au pass sanitaire dans le futur. Celui que les Belges nomment le Covid Safe Ticket (CST) était nécessaire jusqu'au début du mois de mars pour accéder à l'horeca, aux événements de masse ou encore aux boîtes de nuit.
Prolonger le cadre légal du CST?
Problème : le 30 juin prochain, il perdra son cadre légal. Le ministre Vandenbroucke demande donc sa prolongation pour garder la possibilité de recourir au CST « au cas où ». Il trouve un allié dans la task force vaccination qui dit s'attendre à une nouvelle vague épidémique à l'automne prochain.
Ce vendredi, Frank Vandenbroucke a été chargé par le Codeco d’étudier les modalités d'une remise en selle du CST en cas de reprise de la pandémie, mais aucune décision n'a été prise à ce stade.
Ce dossier risque d'être chaud. D'un côté, le ministre de la Santé veut disposer des « outils » nécessaires pour lutter contre un éventuel rebond pandémique et éviter de perdre du temps comme ce fut le cas par le passé. De l'autre, la crainte existe dans les partis comme dans la société civile de voir s'imposer définitivement une « société du pass » qui régulerait les activités humaines au mépris des libertés fondamentales.
Le baromètre corona va être mis en sommeil
Simple mesure de précaution ou nécessaire arme de guerre antipandémique ? L'avenir le dira. Pour l’heure, selon les chiffres de l’Institut de santé publique Sciensano publiés jeudi, le nombre de nouvelles hospitalisations (- 25 %) et de lits occupés en soins intensifs (- 5 %) a diminué au cours de la période du 11 au 17 mai. Il n'y a pas eu de surmortalité statistiquement significative dans l'ensemble de la population belge au cours de la dernière semaine de référence.
Depuis le 7 mars, le « baromètre corona » était en code jaune, soit le niveau le plus bas. Presque toutes les mesures destinées à ralentir la propagation du virus ont été levées ce vendredi. Le « baromètre corona » - qui dicte les dispositions sanitaires en fonction de la pandémie - est de ce fait désactivé. Ou plutôt il est mis « en sommeil » pour reprendre les termes du ministre-président wallon Elio Di Rupo. La nuance est importante.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
