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La bataille des retraites s'accélère dans la rue et au Parlement
International 4 4 min. 17.03.2023
En France

La bataille des retraites s'accélère dans la rue et au Parlement

Plusieurs milliers de manifestants ont investi les rues de Paris jeudi après le déclenchement de l'article 49.3.
En France

La bataille des retraites s'accélère dans la rue et au Parlement

Plusieurs milliers de manifestants ont investi les rues de Paris jeudi après le déclenchement de l'article 49.3.
Photo: AFP
International 4 4 min. 17.03.2023
En France

La bataille des retraites s'accélère dans la rue et au Parlement

Après le déclenchement du 49.3 décidé par Emmanuel Macron sur la réforme des retraites, le gouvernement doit composer avec une crise politique. De nouvelles manifestations sont annoncées.

(AFP) - Jeudi soir, en «colère» ou «révoltés», plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans diverses villes de France, des manifestations émaillées de tensions et d'incidents.


French Prime Minister Elisabeth Borne (R) speaks with French Labour Minister Olivier Dussopt (L) during a session of questions to the government at the French Senat in Paris on March 15, 2023. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
Retraites: Emmanuel Macron et son gouvernement se résolvent au 49.3
Marseillaise chantée et panneaux «64 ans, c'est non» brandis par des députés de gauche: la séance consacrée à la réforme des retraites a démarré jeudi dans le chahut à l'Assemblée nationale, à l'arrivée d'Elisabeth Borne pour déclencher le 49.3.

Un peu plus tôt, l'exécutif a opté pour la «grosse Bertha», selon l'expression du sénateur LR Bruno Retailleau: l'article 49.3 de la Constitution.

Cette procédure, déclenchée pour la 100e fois dans l'histoire de la Ve République -la 11e pour Élisabeth Borne-, permet l'adoption du texte sans vote à l'Assemblée, sauf si une motion de censure venait à renverser le gouvernement.

Le Rassemblement national doit déposer sa motion vendredi. Le groupe des députés indépendants Liot projette également de déposer une motion de censure «transpartisane», particulièrement surveillée par l'exécutif, même si la barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.

Des incidents ont éclaté à divers endroits du pays

Les motions de censure doivent être déposées moins de vingt-quatre heures après le déclenchement de l'article 49.3. Soit avant vendredi en milieu d'après-midi.

Une fois déposées, elles ne peuvent pas être débattues avant quarante-huit heures. Soit pas avant dimanche. «Un vote aura bien lieu, ce lundi», a avancé le secrétaire général du parti présidentiel Renaissance, Stéphane Séjourné.

En attendant, l'annonce du 49.3 a ravivé les oppositions, mais aussi la contestation dans la rue: les forces de l'ordre sont intervenues jeudi soir pour évacuer la place de la Concorde où s'étaient rassemblés plusieurs milliers de manifestants. A 23h30, 217 personnes avaient été interpellées, selon la préfecture de police.

Des incidents ont aussi éclaté à Rennes, Nantes, Amiens, Lille ou encore Grenoble. A Marseille sur la Canebière, des jeunes masqués ont fracassé la vitrine d'une agence bancaire et un panneau publicitaire tandis que d'autres ont mis le feu à des poubelles aux cris de «à bas l'Etat, les flics et le patronat», a constaté un journaliste de l'AFP.

Règlements de comptes

L'intersyndicale a appelé à «des rassemblements locaux de proximité» ce week-end ainsi qu'à une neuvième journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars.

Ce vendredi matin, environ 200 manifestants, réunis à l'appel de l'union régionale d'Ile-de-France de la CGT, ont entravé pendant environ une demi-heure la circulation sur le périphérique parisien.

Autre action annoncée par la CGT pour ce week-end: la raffinerie TotalEnergies de Normandie, où les salariés sont en grève mais où les expéditions se poursuivent, sera arrêtée à partir de ce week-end.

Les syndicats ont dénoncé un passage «en force» et «mesurent avec gravité la responsabilité que porte l'exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie».


Large screens show the results of voting as the Senate adopts the long-awaited final stage of the government's pension reforms, at the French Senate, the upper chamber of parliament, in Paris on March 16, 2023. - A proposed reform of pension system, which has sparked massive protests and strikes since the start of the year, is to be put to a vote in parliament in a decisive moment for French President. The Senate and lower house National Assembly are set to hold ballots on the legislation to raise the retirement age to 64, with the president's minority government dependent on the opposition Republicans (LR) party for support. The vote was taken by 193 votes to 114, after a session of one hour and three quarters. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
Réforme des retraites en France: le Sénat adopte le texte de compromis
Le Sénat, à majorité de droite, a adopté jeudi matin, avant la dernière étape très attendue à l'Assemblée nationale ce jeudi après-midi, le texte de compromis sur la réforme des retraites.

Dans un communiqué distinct, le syndicat étudiant L'Alternative a appelé les étudiants à tenir des assemblées générales dès vendredi «pour bloquer leurs lieux d'études» et «à se rapprocher des secteurs en grève, à repérer et bloquer les axes routiers, les gares, les ports et aéroports à proximité pour soutenir les travailleurs».

Plusieurs responsables syndicaux dans les secteurs du transport et de l'énergie ont par ailleurs mis en garde contre de possibles «débordements» ou «actions individuelles» de salariés de la base.

A l'Assemblée, l'heure est aux règlements de comptes. D'abord au sein des Républicains, dont les divisions sur ce texte -pourtant façonné par leurs collègues LR du Sénat- ont lourdement pesé sur la décision de l'exécutif. Mais aussi au sein de la majorité, où le 49.3 risque de laisser des traces.

«Il faut une dissolution»

A droite, le président du parti Eric Ciotti a assuré jeudi que les députés LR ne s'associeraient ni ne voteraient «aucune motion de censure». Avant d'être contredit quelques minutes plus tard par le député LR Aurélien Pradié, en pointe parmi les frondeurs sur ce texte.

Dans la majorité, l'amertume était palpable, notamment chez les alliés de Renaissance. «C'était une erreur de faire le 49.3 sur un texte comme ça vu l'état de notre démocratie. Il fallait aller au vote, quitte à perdre. Je suis sous le choc», a réagi le député MoDem Erwan Balanant. La situation «s'approche de la crise de régime».

Certains élus macronistes ne cachent pas aussi leur incompréhension. A une réunion Renaissance peu avant l'officialisation du 49.3, les députés étaient «abasourdis», selon un participant.

Pour un responsable du groupe majoritaire, sous couvert d'anonymat, «c'est un crash. Il faut une dissolution». Une hypothèse évoquée mercredi soir à l'Elysée par le chef de l'État... avant le 49.3.


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