L'UE se prépare au risque accru d'un «no deal»
L'UE se prépare au risque accru d'un «no deal»
(AFP) - Pour la Commission européenne, les difficultés rencontrées par le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont la stratégie sur le Brexit est contestée par des députés jusque dans son propre camp, renforcent la probabilité d'un départ brutal (ou «no deal») du Royaume-Uni le 31 octobre.
Dans une récente communication rendue publique mercredi, elle souligne que «le peu de temps qui reste et la situation politique au Royaume-Uni ont accru le risque que le Royaume-Uni se retire à cette date sans accord». Un tel scénario «entraînera évidemment des perturbations majeures pour les citoyens et les entreprises et aura de graves répercussions économiques, qui seront proportionnellement bien plus importantes au Royaume-Uni que dans les Etats membres».
La Commission invite les Européens à ne surtout «pas se fonder sur l'hypothèse selon laquelle une troisième prolongation (de la date du Brexit, ndlr) sera demandée par le Royaume-Uni». Mais, d'après un diplomate européen, il est probable que les dirigeants de l'UE accepteraient une telle demande afin d'éviter «un Brexit chaotique».
«Le principal problème, c'est que le gouvernement et le Parlement britanniques ne s'entendent pas sur ce qu'ils veulent», explique un diplomate. Cette source estime que l'organisation d'élections législatives anticipées le 15 octobre, comme l'a proposé mercredi Boris Johnson, permettrait «une clarification».
Aucune «proposition concrète» pour le backstop
La Commission se dit prête à «examiner toutes les propositions» britanniques pour parvenir à un accord, en particulier sur la question cruciale de la frontière irlandaise, point d'achoppement des discussions. L'accord sur le Brexit prévoit un «filet de sécurité» - ou «backstop» - qui permettrait de maintenir, en dernier recours, l'ensemble du Royaume-Uni dans l'union douanière afin d'éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande.
Un dispositif dont Boris Johnson ne veut à aucun prix, mais que l'UE considère comme «la seule solution» pour préserver l'accord de paix nord-irlandais et le marché unique... et qu'elle refuse catégoriquement de renégocier sans solution alternative. Or la porte-parole de la Commission, Mina Andreeva, a souligné que les Britanniques n'avaient encore présenté aucune «proposition concrète» pour remplacer ce «backstop».
Soutien aux Etats et aux travailleurs licenciés
Le conseiller de Boris Johnson sur l'UE, David Frost, est arrivé mercredi à Bruxelles pour des entretiens à huis clos, au niveau technique, dans l'optique d'explorer les solutions alternatives au «backstop». Une source officielle britannique a confié que les pourparlers se poursuivraient et s'intensifieraient tout au long du mois. Face à l'impasse actuelle, la Commission a présenté de nouvelles mesures d'urgence en cas de «no deal», dernière touche à toute une série de propositions avancées ces derniers mois.
Il s'agirait de fournir «un soutien financier» aux personnes et aux Etats membres «les plus touchés par un retrait sans accord» (Irlande, Luxembourg, Allemagne, Pays-Bas, France notamment). Elle propose ainsi d'«étendre le champ d'application du Fonds de solidarité de l'Union européenne» destiné à venir en aide aux Etats membres victimes de catastrophes, afin de «couvrir l'importante charge financière» qui découlerait d'un «no deal».
Elle souhaite également que l'actuel Fonds européen d'ajustement à la mondialisation «serve à soutenir les travailleurs» qui seraient «licenciés à la suite d'un retrait sans accord, sous certaines conditions». L'enveloppe mobilisable via ses deux fonds pourra atteindre 780 millions d'euros.
