L’inflation belge flirte avec un vieux record
L’inflation belge flirte avec un vieux record
En Belgique, l’inflation vient pratiquement d’égaler un vieux record en s’élevant en mars à 8,31% (contre 7,5% pour la zone euro). Il faut remonter à mars 1983 pour trouver un pic supérieur équivalant à 8,92%. Sans surprise, cette poussée de fièvre résulte de la hausse des prix des énergies, dopée d’abord par la reprise post-covid, puis par le conflit en Ukraine. Il faut y ajouter l'augmentation du prix des soins corporels, de l’achat et de la réparation des véhicules ainsi que des billets d’avion.
Début mars, la Banque nationale expliquait que l’Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) utilisé par la BCE est souvent plus faible que l’inflation perçue par les ménages. Cause probable : cette dernière ne tient pas compte des coûts des logements occupés par leur propriétaire. Or les prix des maisons et des appartements n’ont de cesse d’augmenter en Belgique en raison d’une demande sans cesse croissante mais aussi des investissements dans l’immobilier motivés par la faiblesse des intérêts produits par les placements bancaires.
Les ménages les plus modestes sont les plus touchés
Toujours selon la Banque nationale, ce sont les ménages les plus modestes qui souffrent le plus de l’inflation. Les produits dont le prix augmente sont incontournables pour la majorité de la population mais leur coût touche davantage les petits revenus. Cet impact est forcément plus faible pour les hauts revenus qui peuvent s'en accommoder, le poste énergétique n’étant qu’un paramètre à côté de l’argent consacré à la restauration, à la culture, aux loisirs, à l'ameublement ou à l'habillement.
La hausse des prix incite les syndicats à exiger auprès du gouvernement fédéral des mesures destinées à alléger les conséquences de l’inflation et à revoir la loi de 1996 qui corsète exagérément selon eux les négociations salariales. Ils annoncent des manifestations régionales (22 avril) et nationale (20 juin). Le gouvernement du libéral Alexander De Croo a pourtant récemment délié les cordons de la bourse en décidant l'octroi d’une série d’aides destinées à alléger la facture à la pompe. Un chèque de 200 euros sera attribué aux ménages qui se chauffent au mazout.
Une situation intenable pour certains métiers
Depuis, les prix des carburants se sont globalement stabilisés. Mais l'épisode haussier a révélé la fragilité économique d’une catégorie de travailleurs que l’on pensait à l’abri du marasme. Tels ces petits métiers (aide-sanitaire, éboueur, etc.) qui impliquent la possession d’une voiture en raison de déplacements constants, voiture devenue impayable pour eux ces derniers mois. Certains travailleurs ont recouru au certificat médical pour éviter de faire face aux frais de transport.
Les entreprises souffrent également et paient le prix fort de l’enchérissement des énergies, des matières premières, mais aussi des salaires en raison du mécanisme d’indexation qui lie en partie ceux-ci au coût de la vie. Les patrons craignent que la compétitivité soit de nouveau mise à mal en raison du gonflement de la masse salariale.
Le gouvernement lui aussi doit revoir ses projets à la baisse tout en faisant face à de nouvelles dépenses. Les allocations et les pensions des fonctionnaires sont indexées de 2 % depuis le 1er avril, pour ne citer qu’un exemple. « La situation a changé. Nous sommes confrontés à des coûts que l’on n’aurait pas pu prévoir. On a créé des provisions budgétaires, mais on n’a pas pris de mesures structurelles», a expliqué vendredi dernier le Premier ministre après un contrôle budgétaire difficile.
La Belgique compose aujourd’hui avec un solde de financement négatif de 3,86%. Soit 20,7 milliards d’euros dans le rouge, dont 4,3 milliards en plus que prévu dans le budget initial.
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