L’idée d’une coalition «coronavirus» végète en Belgique
L’idée d’une coalition «coronavirus» végète en Belgique
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - L’idée de porter sur les fonts baptismaux un gouvernement provisoire est revenue dans l’actualité belge à la faveur de l’épidémie de coronavirus. «Peut-être pouvons-nous parler d'une "coalition corona" de ceux qui veulent faire quelque chose, mettre le budget en ordre, s'occuper de la compétitivité et améliorer le pouvoir d'achat des gens», a expliqué sur la VRT Joachim Coens, président des chrétiens-démocrates flamands.
L’ex-informateur royal confirme par ailleurs que son parti a noué des contacts avec les présidents de la Chambre et du Sénat, les libéraux Patrick Dewael et Sabine Laruelle, en vue de former un gouvernement de plein exercice. Mais les chrétiens-démocrates flamands exigent toujours que la N-VA de Bart De Wever fasse partie de la prochaine coalition, alors que toutes les discussions portant sur cette intégration ont jusqu’ici mené à l’impasse.
D’où l’idée réaffirmée d’un gouvernement provisoire qui gérerait les urgences. La détérioration des finances publiques, la fiscalité et – pourquoi pas ? – le covid-19 .
Les appels au calme lancés tout au long de la semaine par la ministre de la Santé, la libérale flamande Maggie De Block, ne suffisent de toute évidence plus. Un second Belge porteur du coronavirus a été diagnostiqué samedi à Anvers; le patient infecté et rentré au Luxembourg est passé par l’aéroport de Charleroi ; les pharmacies sont dévalisées, etc. Lundi, une troisième personne, revenant d’une zone à risque, a été testée positive au coronavirus en Belgique, a indiqué le cabinet du ministre bruxellois de la Santé Alain Maron.
Dans l'immédiat, et sans attendre qu'un quelconque cabinet de crise soit mis en place, une réunion ministérielle portant sur la gestion de la pandémie a été organisée, dimanche après-midi, au cabinet de la Première ministre Sophie Wilmès. Elle doit être suivie mercredi par une entrevue avec les Régions.
Rien ne permet donc de dire pour l’instant si la «coalition coronavirus» proposée par le chrétien-démocrate Joachim Coens dépassera le stade d’un aimable bavardage radiophonique. L’idée, desservie par l’accalmie qui va de pair avec les congés de carnaval, n’a trouvé qu’un bref écho dans les médias.
D’autres ont mis cette période à profit pour imaginer des solutions qui permettraient d’éviter à l’avenir ces crises politiques à répétition.
Dans la revue Regards économiques, un petit groupe de politologues propose ainsi d’élaborer un nouveau mode de scrutin qui mettrait à la casse le jeu infernal des coalitions précédant la formation des gouvernements belges. Ces universitaires proposent de donner non pas une, mais «trois voix maximum» à chaque électeur. Il pourrait les distribuer entre les différents partis en présence, rompant ainsi avec l’interdiction du panachage.
Le vote multiple
Cette méthode, qui fut défendue il y a peu par le ministre de la Justice Koen Geens, permettrait par exemple à l’électeur de «donner deux voix à Groen parce qu’il considère que la question du climat est importante, deux voix à la N-VA parce qu’il souhaite une politique migratoire stricte et une voix au CD&V (le parti chrétien-démocrate flamand de Koen Geens) qui apporte… paix et stabilité». Koen Geens propose donc d’attribuer non pas trois, mais cinq voix à chaque votant.
Pour nos politologues, «les électeurs devraient certainement apprécier d’avoir l’occasion de mieux faire connaître leur opinion et cela pourrait fournir des indications utiles dans le cadre des négociations visant à la constitution d’une majorité gouvernementale». Sans méconnaître le risque de conduire le pays à sa fin si ce vote multiple devait surtout muscler les positions des nationalistes flamands…
