«L'hésitation vaccinale» en ligne de mire
«L'hésitation vaccinale» en ligne de mire
De notre correspondant, Max Hellef (Bruxelles) – Depuis plusieurs jours, il n'est plus question que d'elle: la prochaine grippe pourrait être particulièrement destructrice car elle s'ajoutera au coronavirus. Les autorités sanitaires belges craignent que la conjonction des deux maladies ne fasse des ravages dans les mêmes groupes de patients, fragilisés par l'âge et/ou par les maladies chroniques.
«On ne connaît toujours pas l'impact d'une éventuelle double contamination (simultanée) grippe et coronavirus, souligne la porte-parole interfédérale de la lutte contre le coronavirus Frédérique Jacobs. Elle rappelle que des études internationales ont démontré que la vaccination diminue les risques d'hospitalisation. Or, une fois encore, il faut éviter la saturation des soins intensifs.
Voilà pour la grippe saisonnière. Quant au coronavirus, la Commission européenne a signé un premier contrat le 27 août dernier avec l'entreprise anglo-suédoise AstraZeneca pour l'achat de 300 millions de doses de vaccin. Cette décision a rencontré les attentes de la Belgique qui a besoin de 4 millions de doses pour vacciner les groupes «prioritaires» dits à risque.
Auparavant, un comité d'experts s'était montré favorable à AstraZeneca. Et cela sur base de quatre critères: les avantages et les risques sur base des connaissances actuelles, les éléments de production et d'approvisionnement, les aspects contractuels et juridiques, ainsi que le prix de revient. Mais ce sera à la Conférence interministérielle Santé publique de se prononcer in fine.
Une transparence absolue sur les données de sécurité des vaccins est nécessaire
En amont toutefois, il reste à convaincre les Belges que la vaccination peut leur sauver la vie, quoi qu'en disent les «anti-vaccs» sur les réseaux sociaux. Dans Le Soir, Jean-Michel Dogné, responsable du département pharmacie de l'UNamur et expert auprès de l'Agence européenne du médicament, explique toute l'importance de la communication autour de la sécurité des vaccins covid. «Il faut réduire ce qu'on appelle l'hésitation vaccinale. De nombreuses incertitudes entourent ces vaccins parce qu'ils sont développés, pour les plus rapides, en 12 mois au lieu de plusieurs années comme habituellement. Il y a aussi beaucoup de gens qui ont perdu confiance dans les autorités sanitaires ces derniers mois.»
Le Conseil supérieur de la santé estime pour sa part que 20 à 30% des personnes faisant partie des groupes prioritaires à risque refuseront la vaccination. Pour les convaincre, il sera nécessaire qu'il y ait «une transparence absolue sur les données d'efficacité mais surtout de sécurité des vaccins», poursuit Jean-Michel Dogné.
La course ne s'arrête pas là. La Belgique va devoir se prononcer sur l'achat d’autres vaccins: Sanofi-GSK, Johnson&Johnson et Curevac. Ces précommandes n'ont rien de ferme. Ces produits doivent encore être testés lors d'essais cliniques et obtenir une autorisation de mise sur le marché de la part de l'Agence européenne des médicaments. Au cas contraire, les contrats seront nuls et non avenus.
La situation sanitaire belge inspire l'image du verre à moitié plein et à moitié vide. Côté positif: les contaminations sont en nette baisse, le nombre de décès est tombé à moins de cinq par jour. Côté négatif: la rentrée de classes devrait réactiver le virus en dépit des précautions sanitaires prises. Ces paramètres influeront assurément sur l'acceptation de la vaccination par la population dans les prochains mois.
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