L'Europe relancée par un plan de 500 milliards d'euros
L'Europe relancée par un plan de 500 milliards d'euros
(AFP) - «Pour soutenir une reprise durable qui rétablisse et renforce la croissance dans l'UE, l'Allemagne et la France soutiennent la création d'un Fonds de relance ambitieux, temporaire et ciblé» dans le cadre du prochain budget de l'UE doté de 500 milliards d'euros. Telle a été la déclaration commune de la chancelière allemande et du président français lundi soir. Paris comme Berlin proposent que ce soutien soit financé par des emprunts de la Commission sur les marchés «au nom de l'UE».
Cet argent sera ensuite reversé en «dépenses budgétaires» aux pays européens et aux secteurs et régions les plus touchés, souligne le texte du couple franco-allemand. «Ces 500 milliards ne seront pas remboursés par les bénéficiaires de ceux qui utiliseront cet argent», a affirmé le président français Emmanuel Macron. «Ce ne seront pas des prêts mais des dotations» directes aux pays les plus touchés, a martelé Emmanuel Macron.
La portée politique d'une telle proposition est très forte, pour une UE qui s'était déchirée, presque jusqu'au point de rupture, lors de la crise financière et le Grexit, sur l'épineuse question de la mutualisation des dettes. «C'est vraiment important», a réagi sur Twitter Jacob F Kirkegaard du Peterson institute for International Economics. «Signal historique» pour Henrik Enderlein, directeur du Centre Jacques Delors de Berlin. Pour l'économiste Jean Pisani-Ferry, c'est un «reboot pour le couple franco-allemand. Impressionnant. Maintenant commence le plus dur: la négociation de l'UE à 27» .
Un tel plan constituerait ainsi un pas inédit vers une mutualisation de la dette au niveau européen, à laquelle Berlin mais aussi des pays de l'Europe du Nord ont longtemps été hostiles. Ces 500 milliards viendraient s'ajouter aux 500 milliards environ déjà décidés par les ministres des Finances de la zone euro et constitués de capacités de prêts notamment. Au total, l'Europe débloquerait donc environ 1.000 milliards d'euros pour contrer la récession historique qui se profile pour 2020 dans la zone euro (-7,7% selon les dernières prévisions de la Commission).
Reste désormais au couple franco-allemand à convaincre l'ensemble des Etats membres de l'UE. La négociation à 27 pourrait être délicate, suivant les lignes de fracture traditionnelle de l'Union entre pays du Nord et du Sud. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a réagi en disant qu'il était favorable à des «prêts», et qu'il ne voulait pas d'augmentation du budget de l'UE mais une redistribution de ses ressources. Il s'est entretenu sur ce sujet avec les dirigeants du Danemark, des Pays-Bas et de Suède, autres pays susceptibles de s'opposer à la proposition franco-allemande.
L'entourage du Premier ministre italien Giuseppe Conte comme le gouvernement espagnol ont, eux, salué «un pas dans la bonne direction», que les deux pays appelaient de leurs vœux. «Les propositions franco-allemandes sont ambitieuses, ciblées et bienvenues», s'est félicitée la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est également «réjouie de la proposition constructive de la France et de l'Allemagne». Elle doit elle-même présenter le 27 mai prochain son propre plan pour la relance économique de l'UE.
