L'équilibre budgétaire belge sera laborieux
L'équilibre budgétaire belge sera laborieux
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles).
5% de déficit public... Il semble loin le temps où les gouvernements belges se réjouissaient d'être parvenus à rester sous le seuil européen des 3%. Le covid, suivi de la guerre en Ukraine, sont passés par là. Beaucoup d'argent public a été dépensé pour soutenir l'économie face à la pandémie et, plus récemment, pour aider les ménages face à l'augmentation de la facture énergétique. Il faut maintenant remettre les comptes en ordre. C'est à cet objectif que va s'atteler dans les prochaines semaines le gouvernement fédéral du Premier ministre libéral Alexander De Croo.
L'exercice est délicat. La coalition Vivaldi au pouvoir compte sept partis qui vont de la gauche à la droite. Les uns défendent une politique d'investissement généreuse, créatrice de richesses, donc a priori d'impôts. Les uns prônent un retour à l'orthodoxie budgétaire. Si chacun apporte évidemment ses nuances à ce schéma, tous ont un électorat à choyer (ou à apaiser) à un an et demi des élections législatives. Des élections qui pourraient arriver plus vite que prévu si les partis de la Vivaldi recommencent à s'écharper.
«Revenir à 3% de déficit»
Dans la Dernière Heure, Egbert Lachaert, le président de l'Open-VLD (libéral flamand), annonce la couleur: «Il faut une trajectoire qui nous permette de revenir à 3 % de déficit. On a protégé et dépensé beaucoup. Il n'y a pas moyen de dépenser encore plus sans trouver de nouveaux moyens. L'État ne peut pas continuer avec ces mesures de soutien sur le long terme.»
L'idée du libéral est «d'aider les gens à consommer moins d’énergie» en isolant leur logement. L'isolation thermique est un défi de taille en Belgique où le bâti tient souvent lieu de passoire à énergie, autant néfaste pour le portefeuille que pour l'environnement.
Cela ne suffira toutefois pas. Au printemps dernier, le gouvernement De Croo a retourné l'argent des accises au consommateur, en l'aidant à payer partiellement sa facture d'énergie. Mais la guerre en Ukraine et l'incertitude qui pèse sur le marché du gaz et de l'électricité pourraient conduire à de nouvelles aides susceptibles de plomber un peu plus le budget fédéral. Une foire d’empoigne est annoncée, sachant qu'avant les vacances, la coalition au pouvoir a été incapable de s'accorder sur les soutiens à apporter au pouvoir d'achat des Belges.
Des divergences
Le libéral Lachaert propose également de faire des économies sur la Sécu mais, dit-il, «sans toucher au patient». Les socialistes de Paul Magnette ne veulent pas en entendre parler. Ils préfèreraient taxer les grosses sociétés et rappellent que l'accord de gouvernement prévoit même «la mise en place d’une imposition minimum» en ce qui les concerne. Taxer le capital et renforcer la lutte contre la fraude fiscale restent leur leitmotiv.
Quant aux écologistes, ils veulent mettre l'accent sur le climat et la question énergétique. «Le temps est plutôt à l’investissement dans ces défis qu'au retour d'une approche budgétaire drastique et aveugle. Il sera notamment nécessaire de continuer à aider les citoyens par rapport au coût de l’énergie », confie au Soir le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet (Ecolo). Pas question pour lui de toucher à la Sécu. L'équilibre budgétaire doit être trouvé via le plein-emploi, continue Gilkinet, lequel est synonyme de rentrées et d'allègement du coût de la sécurité sociale. Comme les socialistes, les écologistes veulent imposer les surprofits des entreprises du secteur de l’énergie.
Personne ne veut de nouveaux impôts directs. Le casse-tête est donc annoncé à la rentrée.
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