L’école belge rouvre sur un mode alarmiste
L’école belge rouvre sur un mode alarmiste
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Comme au Luxembourg, l’enseignement obligatoire a rouvert ses portes ce lundi en Belgique, en rééditant les mesures sanitaires qui étaient d’application avant les vacances de Pâques. Tout le monde reprend les cours en présentiel, à l’exception des quatre dernières années du secondaire (les 14-18 ans) qui alterneront présence en classe et cours à distance.
Cette rentrée est l’occasion pour une série d’experts médicaux de rappeler dans les médias combien est «primordial» le rôle que jouent les écoles «non seulement dans la formation académique des élèves mais aussi dans leur santé bio-psycho-sociale». Ils ajoutent que «les dommages causés par la fermeture des écoles sur la santé des jeunes sont considérables, à court terme et probablement à plus long terme». Ils demandent davantage de prévention et de soins thérapeutiques.
Ces derniers jours, l’actualité a jeté une lumière crue sur un autre fléau qui frappe la jeunesse. Dopé par le confinement, le cyberharcèlement se développe à grande vitesse sur la toile. Une étude récente affirme qu’un élève francophone sur trois en serait la victime. Moqueries, menaces diverses, revenge porn… tout y passe. Le phénomène contribuerait à jeter des ados dans la prostitution, leurs harceleurs les faisant chanter.
La voie judiciaire
Plusieurs chantiers sont ouverts pour trouver une solution. Le ministre de l’Intérieur Vincent Van Quickenborne veut modifier la Constitution pour amener plus facilement les auteurs de discours haineux en correctionnelle. Une résolution a été adoptée par la Fédération Wallonie-Bruxelles en janvier afin de lutter, entre autres, contre le cyberharcèlement. Il s’agit ici de renforcer les outils de prévention et de contrôle des discours de haine, mais aussi de mettre l’accent sur la sensibilisation à ce phénomène.
La même Fédération avait été condamnée en septembre 2020 en tant que pouvoir organisateur d'une école qui n'avait pas réagi à l'appel au secours d'une élève victime de harcèlement.
C’est précisément par la voie judiciaire que nombre de dossiers pourraient se régler à l’avenir. Mais à quel prix? Un nouveau report vient d’être prononcé dans le procès du principal suspect de la campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux qui avait conduit au suicide de Maëlle, une jeune fille de la région de Charleroi. Des vidéos où elle était dénudée avaient circulé dans son école. Son bourreau encourt une peine de 15 à 20 ans de réclusion, selon son avocat. A Liège, c’est un homme d'une vingtaine d'années qui se retrouve aux… assises pour avoir insulté sur Facebook la victime d’une agression sexuelle. Une première.
Un tribunal bruxellois vient quant à lui d’infliger une peine de six mois de prison, dont 15 jours de détention ferme, à un homme qui avait insulté une ancienne présentatrice météo de la chaîne publique RTBF. L’affaire Cécile Djunga avait débuté durant l’été 2017 lorsque la jeune femme d’origine congolaise avait éclaté en larmes après avoir fait l’objet d’un énième commentaire raciste. Une spectatrice l’avait trouvée «trop noire» pour passer à la télé. C’est toutefois un autre de ses détracteurs qui vient d’être condamné pour propos violents et racistes.
A la sortie du tribunal, Cécile Djunga a expliqué combien ce parcours judiciaire avait été pénible pour elle. «C’est une excellente chose», a relevé Le Soir, qu’une personnalité aussi connue ait eu gain de cause en justice. Sa popularité devrait encourager tous les jeunes qui souffrent de la cyberhaine à oser se battre publiquement pour dénoncer leurs bourreaux.
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