L’école belge rentre en «code rouge»
L’école belge rentre en «code rouge»
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - La rentrée de ce lundi est perçue comme le début d’une période à risque par les autorités belges et par le monde de l’enseignement dans son ensemble. Tous craignent que le retour des enfants sur les bancs de l’école après deux semaines de congés exceptionnellement octroyées pour la Toussaint ne ravive la pandémie. Les premiers résultats positifs du reconfinement pourraient être perdus, alors que le nombre de contaminations et d’hospitalisations est à la baisse.
Sur le papier, les élèves de maternelle, de primaire et de secondaire, font leur rentrée en «code rouge». Le port du masque est obligatoire pour le personnel et pour les enfants de plus de 12 ans, les classes doivent être aérées, le sport en plein air est favorisé. Un cap différent donc des dernières mesures annoncées, côté Grand-Duché, par le ministre de l'Education.
En Belgique, la ministre francophone de l’Education, la socialiste Caroline Désir, garde le cap. Tous les enfants de primaire et de secondaire rentrent, rappelle-t-elle, à l’exception des plus de 14 ans qui alterneront l’enseignement en présentiel et en distanciel de manière à réduire les contacts. «Il faut une certaine présence à l’école pour garder le lien (…) réalimenter la relation pédagogique entre les élèves et leurs professeurs.», explique la ministre tout en précisant que les écoles sont libres de s’organiser comme elles le souhaitent dans le cadre imposé.
Cet argument a été saisi au bond par Courcelles où le port du masque obligatoire est imposé à tous les écoliers à partir de six ans. La mesure induit la question de savoir si les autorités de cette commune hennuyère n’attisent pas la psychose. Ou si, bien contraire, leur approche n’est pas ce qui se fait de plus responsable face à un regain potentiel de la pandémie.
Tels sont les contours d’un véritable mantra : l’école doit rester ouverte. Politiques, pédiatres et psychologues répètent qu’elle est nécessaire à l’épanouissement et à la sociabilisation de l’enfant.
Plusieurs études universitaires ajoutent à cette conviction le risque de perte ou de non-acquisition des connaissances et des apprentissages. Elles objectivent les «dégâts» du premier confinement, lorsqu’au printemps dernier les écoles ont gardé portes closes.
«Les disparités entre élèves se sont amplifiées. Le confinement n’a évidemment pas aidé ceux qui avaient déjà des difficultés. Le milieu familial semble également avoir joué un rôle, explique dans les colonnes du Soir la psychologue Karin Verlinden. Chez les enfants issus de milieux favorisés, les dégâts sont limités et la matière a pu être rattrapée. En revanche, les enseignants ont eu davantage de difficultés à maintenir le lien avec les familles précarisées.»
Le ministère francophone de l’Education objecte qu’il a débloqué 17 millions d’euros pour l’accompagnement personnalisé des enfants qui en ont le plus besoin. Mais cela reste insuffisant pour les professionnels du secteur.
Selon une étude de l'Université belge KULeuven réalisée parmi des élèves de 6e primaire provenant de 402 écoles, un retard scolaire moyen de six mois serait constaté après la fermeture des écoles au printemps dernier. Les chercheurs louvanistes observent également une augmentation substantielle des inégalités au sein même des établissements (de 17 à 20% selon les matières).
Ces conclusions doivent toutefois être prises avec des pincettes, estiment d’autres scientifiques. Pour ces derniers, les chiffres de la KULeuven sont faussés car les élèves n’ont guère dû faire montre de leur savoir puisqu’ils savaient que le risque de redoublement était nul en raison des dispositions prises face à la crise sanitaire. Il serait donc prématuré de conclure à une débâcle pédagogique.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
