L’école belge abandonne les tests salivaires
L’école belge abandonne les tests salivaires
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - C’est un nouveau couac dans la course contre le virus. En Belgique, les tests salivaires devaient permettre une «rentrée» scolaire en toute sécurité à partir de ce 19 avril. Ils sont au contraire tout bonnement abandonnés en raison de la lourde logistique et du coût qu’implique cette méthode de dépistage.
Début mars, un projet-pilote avait pourtant été lancé à grand renfort de publicité dans les médias. Vingt écoles côté francophone, quarante côté flamand, y avaient participé. Directeurs et enseignants s’étaient pliés au rituel peu avenant du crachat matinal sous l’œil des caméras. De 45% la première semaine, la participation était passée à 70% la dernière. Un taux de positivité de 0,3% avait été mesuré au terme du projet-pilote. Plusieurs clusters avaient été détectés, dont un à Ottignies (sud de Bruxelles), décelés uniquement grâce au testing salivaire. Au total, deux écoles ont ainsi fermé leurs portes.
«Ce qui est positif», a confié au Soir Fabrice Bureau, vice-recteur à la recherche de l’ULiège et promoteur du projet, «puisque cela a permis de limiter la propagation du virus avant que des membres du personnel ne présentent des symptômes».
Mais les problèmes se sont multipliés. En Flandre, les réceptacles utilisés n’étaient pas adéquats pour récolter la quantité de salive nécessaire aux laboratoires. Puis l’encodage s’est révélé en partie défaillant. La pratique des tests salivaires, enfin, n’a pas suffi à taire les appréhensions de ceux qui devaient se rendre chaque jour à l’école pour y travailler. Ecole qui, rappelons-le, avait fini par être fermée anticipativement avant les congés de Pâques car suspecte de propager activement le virus.
Le projet-pilote a ainsi mis en lumière les limites des tests salivaires. Ceux-ci ne dispensent pas du respect des mesures sanitaires habituelles. Mais au bout du compte, c’est bien la lourdeur logistique liée à l’acheminement des tests vers les laboratoires qui leur a été fatale. Selon la ministre francophone de l’Education Caroline Désir, «le défi logistique est un casse-tête insoluble pour la stratégie de tests salivaires, en Fédération Wallonie-Bruxelles comme en Flandre, et les premières analyses font apparaître des bénéfices très limités ». Accusations dont le promoteur du projet s’est défendu, affirmant que ces écueils avaient clairement été identifiés avant son lancement. «Il suffit que les ministres claquent des doigts et le lendemain, on est dans les écoles», a plaidé Fabrice Bureau.
L’école belge se tourne désormais vers les autotests. Selon le commissaire Corona Pedro Facon, ils ne seront toutefois pas distribués avant la fin du mois, laissant ainsi les directions des établissements scolaires sans dépistage ad hoc pendant les quinze jours qui sépareront ce moment de la rentrée du 19 avril.
Ce choix est synonyme d’efficacité moindre : les tests salivaires sont fiables entre 65% et 80% pour les personnes très infectées. Les autotests sont faillibles selon une fourchette estimée entre 40 et 60%. 500.000 tests salivaires ont toutefois été commandés. Ils pourraient être à l’avenir destinés aux seules écoles de l’enseignement supérieur.
Cette valse-hésitation n’augure rien de bon pour la réouverture des écoles, lundi prochain. La Flandre a décidé d’un retour à la situation antérieure : école en présentiel pour les élèves de la maternelle à la deuxième secondaire et enseignement hybride (50% de présentiel, 50% de cours à distance) pour les 14-18 ans. La Belgique francophone se tâte encore.
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