L’automne social belge s'annonce chaud
L’automne social belge s'annonce chaud
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Sans surprise, la réforme des pensions esquissée par la ministre socialiste Karine Lalieux a mis ces derniers jours le gouvernement De Croo sens dessus dessous. La première salve est venue du président du Mouvement réformateur (MR, libéral francophone) Georges-Louis Bouchez, mais dans un autre dossier : celui de la politique du travail.
«Il y a 125 métiers en pénurie en Wallonie mais plus de 200.000 chômeurs. Il faut promouvoir beaucoup plus la formation en alternance et permettre à des entreprises de participer à des formations. (Mais) il faut aussi travailler sur la sanction. Un chômeur de longue durée qui refuserait deux formations et/ou deux emplois dans un métier en pénurie doit pouvoir être directement sanctionné (via) une exclusion du chômage, avec une activation qui peut continuer à se faire au niveau du CPAS (aide publique)».
La réponse du président du PS Paul Magnette n'a pas tardé. «Ces recettes libérales ne marchent pas et stigmatisent les gens. Le PS ne les acceptera jamais! Contre les pénuries, il faut améliorer la qualité de l’emploi et les salaires». Contre-attaque de Bouchez : «Les recettes socialistes c’est la culture du chômage et des échecs sociaux comme nous devons les subir à Charleroi ou à Mons. Comment oser faire la leçon quand on dirige des villes depuis plus de 60 ans qui ne cessent de s’enfoncer socio-économiquement ?»
Re-réplique de Magnette: «Il faut que Monsieur Bouchez s’y fasse, on n’est plus dans le gouvernement MR/N-VA où il a pu mener des politiques de droite absolument odieuses pendant des années». Et pour finir, l’écologiste Jean-Marc Nollet en rajoute une couche : «Le Mouvement réformateur est une véritable menace pour les jeunes, pour les 20-35 ans qui constituent la principale cible de sa proposition»…
Telle est l’ambiance qui prévaut en ce moment entre partis francophones appartenant au gouvernement De Croo. La coalition Vivaldi s’apprête ainsi à vivre des temps difficiles, sous l’impulsion d’un PS bien décidé à réactiver le vieux clivage gauche-droite à la faveur de la réforme des pensions, mais aussi des mesures touchant à la protection des travailleurs ou aux finances publiques.
Là où les socialistes francophones sont prompts à bourse délier pour relancer l’économie de l’après-covid, les libéraux en appellent à un retour à l’équilibre budgétaire le plus rapidement possible.
Qui payera la facture?
Le tout relève d’un jeu politique bien compris. Le PS doit faire montre de surenchère pour tenir à distance les communistes du PTB qui lui taillent des croupières dans les sondages. Quant à la droite, et plus particulièrement la droite flamande, elle doit se méfier des nationalistes de Bart De Wever, même relégués dans l'opposition depuis 2018. «On veut encore une fois dépenser de l'argent qu'on n'a pas», tance la formation nationaliste.
Pour la N-VA, les propositions de réforme des pensions mises sur la table par le PS (possibilité accrue de pension anticipée, à mi-temps, bonus-pension, etc) laissent croire qu'on pourra travailler moins pour avoir une plus belle pension. Mais ce sont nos enfants et petits-enfants qui paieront la facture».
L’échange d’amabilités ne s’arrête pas aux partis, tant s’en faut. Le syndicat chrétien flamand ACV exige ainsi que les jobs étudiants et les flexi-jobs soient taxés car ils servent le patronat.
L'automne social s’annonce donc chaud, une fois encore. Le 24 septembre, le syndicat socialiste francophone FGTB lancera les hostilités en organisant à Bruxelles une marche nationale pour exiger la refonte de la loi qui plafonne les salaires.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
