L'«Arizona» a déjà du plomb dans l'aile
L'«Arizona» a déjà du plomb dans l'aile
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Trois bons mois encore et la Belgique aura battu le record des 541 jours sans exécutif fédéral qui avait finalement débouché sur la formation du gouvernement Di Rupo. C’était en 2011.
Depuis les élections du 26 mai 2019, quelque 408 jours se sont en effet écoulés sans que l’espoir de voir une fumée blanche s’élever au-dessus du 16, rue de la Loi, ne soit comblé. La libérale francophone Sophie Wilmès est toujours à la tête d’un gouvernement minoritaire que la fin des pouvoirs spéciaux dédiés à la lutte contre le covid-19 a ramené aux affaires courantes.
La dernière tentative de coalition en date s’appelle «Arizona», elle est menée par les trois partis encore au pouvoir (libéraux francophones et flamands, chrétiens-démocrates flamands). Si cette alliance devait être scellée, elle réunirait six formations politiques. Côté flamand: les libéraux, les nationalistes, les chrétiens-démocrates et les socialistes. Côté francophone: les libéraux et les humanistes (ex-sociaux-chrétiens).
Mais lundi, les socialistes flamands ont fait un pas de côté alors que les humanistes francophones jugeaient que le terrain ne leur était pas favorable. Le Centre démocrate humaniste (CDH) «estime, à ce stade, que les conditions ne sont pas remplies pour entamer un travail dans pareille configuration». Mais il se veut «constructif pour qu’une solution puisse enfin être trouvée afin de doter ce pays d’un gouvernement et d’un plan de relance dont il a cruellement besoin».
Le CDH – qui ne compte que cinq députés sur 150 à la Chambre – a été piqué au vif par l’accueil distant qui lui aurait été réservé par ses partenaires de négociation. Leur président Maxime Prévot a expliqué avoir été traité comme quantité négligeable alors que tous les protagonistes invités auraient dû être mis sur pied d’égalité. Il y aurait de surcroît un flou sur les intentions du trio gouvernemental aux commandes des discussions: «Le monde d’après doit s’esquisser de manière volontariste mais nous ne connaissons rien des intentions du trio à ce stade, faute de concertation suffisante en amont», explique le CDH.
Les libéraux francophones refusent de croire en ce scénario. Pour leur président Georges-Louis Bouchez, les humanistes ont en réalité fait marche arrière parce que les socialistes flamands ont eux-mêmes reculé. A priori, à défaut d’être appuyés sur leur gauche, on voit mal comment les humanistes pourraient construire avec la droite «le monde de demain» dont ils rêvent, ce monde servi par une «forte ambition environnementale», «avec un nouvel équilibre tirant vers le haut les secteurs marchand et non marchand et non plus une gouvernance qui se base sur des idées du passé et dépassées».
Comme pour faire mentir ces doutes, le gouvernement Wilmès devait présenter ce mardi un plan ambitieux de revalorisation des métiers de la santé, lourd de quelque 800 millions d’euros. La crise sanitaire a du bon: elle l’a contraint à prendre enfin en compte les plaintes d’un secteur mis jusque-là à la diète.
Ce n’est toutefois pas cette décision qui sauvera la tentative de former une coalition «Arizona», même si les partis qui composent le gouvernement Wilmès ne renoncent pas à l’idée de ramener la N-VA de Bart De Wever dans le prochain exécutif fédéral. Mais pour cela, il leur faut trouver des alliés pour décrocher une majorité à la Chambre. Sans les humanistes francophones et les socialistes flamands, cette possibilité est on ne peut plus réduite.
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