L'Allemagne sous pression au sujet des «corona bonds»
L'Allemagne sous pression au sujet des «corona bonds»
(pj avec AFP) - Le Premier ministre Xavier Bettel (DP) ne l'a jamais caché: il est favorable à la mise en place d'un emprunt commun pour les pays membres de l'Union européenne placés face à la crise du covid-19. Mais tous les Etats ne pensent pas ainsi, à commencer par l'Allemagne. Aussi, les commissaires européens au Marché intérieur Thierry Breton et à l'Economie, Paolo Gentiloni, viennent-ils de publier une tribune réclamant une position commune aux 27 Etats membres.
En créant un fonds européen financé par l'impôt et capable d'émettre des obligations à long terme, l'UE opérerait une opération de solidarité pour reprendre les termes de la tribune publiée en Allemagne par la Frankfurter Allgemeine Zeitung et Le Monde en France. De son côté, le ministre des Finances Pierre Gramegna, questionné par sur CNBC, a redit tout son intérêt pour cette formule : «C'est une des possibilités pour que l'ensemble des pays aient accès à de la liquidité à un bon pris», a souligné le Luxemborgeois.
Selon les commissaires, ce fonds ne devrait toutefois servir qu'à financer le développement économique après la crise. Certains Etats européens, dont la France et l'Italie, ont dernièrement demandé à l'Allemagne et certains pays du nord de l'Europe la mutualisation de certaines dettes face aux conséquences économiques de la pandémie. Cette mutualisation, sous la forme de «corona bonds», est fortement rejetée par l'Allemagne, les Pays-Bas et d'autres pays du nord, plus vertueux sur un plan budgétaire.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a elle promis vendredi un «Plan Marshall» européen, via le budget de l'UE pour la période 2021 à 2027, afin de relancer l'économie après la crise. M. Breton et M.Gentiloni voient du reste leur concept servir de «complément» à celui lancé par Mme von der Leyen.
Selon les deux cosignataires, les sommes en jeu sont telles que l'UE a besoin d'un «quatrième pilier» en plus des trois autres constitués par le fonds de secours MES (Mécanisme européen de stabilité), la Banque européenne d'investissement et l'initiative à court terme de l'UE pour garantir les plans de chômage partiel des États membres.
Une chose est sûre selon Thierry Breton et Paolo Gentiloni : «Le temps presse» et «nous devons être créatifs», préviennent les deux signataires de cette tribune à la veille d'une réunion des ministres des finances de l'UE qui veulent discuter des moyens financiers de lutter contre la pandémie lors d'une vidéoconférence.
