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L'affaire Orpea essaime en Belgique
International 3 min. 03.02.2022 Cet article est archivé
Inspections

L'affaire Orpea essaime en Belgique

Le nouveau PDG d'Orpea Philippe Charrier a été auditionné par la ministre française déléguée à l'Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon.
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L'affaire Orpea essaime en Belgique

Le nouveau PDG d'Orpea Philippe Charrier a été auditionné par la ministre française déléguée à l'Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon.
Photo: AFP
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Inspections

L'affaire Orpea essaime en Belgique

Max HELLEFF
Max HELLEFF
Témoignages et plaintes écornent sérieusement l’image du groupe français de gestion de maisons de retraite.

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Quelques heures ont suffi pour que l'affaire Orpea traverse la frontière et connaisse un important écho en Belgique. Immédiatement, la ministre wallonne de la Santé, la socialiste Christie Morreale, a chargé son administration de procéder à des inspections dans les 18 maisons de repos (4.210 lits) gérées par le groupe français dans le sud du pays. Contrairement à l'usage, ces contrôles ont été inopinés.


A elderly care nurse helps a resident in the retirement home St. Barbara of German welfare organisation in Stuttgart, southern Germany, on November 17, 2020, amid the new coronavirus COVID-19 pandemic. (Photo by THOMAS KIENZLE / AFP)
Vague d'inspections en Belgique après le scandale Orpea
Les autorités belges ont lancé des inspections dans les maisons de retraite du groupe Orpea pour corriger d'éventuels dysfonctionnements ou problèmes de maltraitance tels que ceux mis en évidence en France.

Premier bilan : un avis positif pour huit institutions, un avis plus mitigé pour une autre et un avis très préoccupant pour un établissement.

Les inspections continuent mais, sans attendre, la ministre Morreale a demandé des mesures plus structurelles. Des modifications législatives concernant l'hygiène et l'alimentation des résidents des maisons de repos pourraient être envisagées dès la semaine prochaine. Les sanctions financières seraient alourdies en cas de manquements.

 Neuf dossiers ouverts visant Orpea depuis 2012  

Le dossier Orpea n'est de toute évidence pas neuf. Quatre maisons de repos gérées par le groupe faisaient déjà l'objet d'un suivi particulier à la suite d'inspections menées depuis 2018, a encore indiqué Christie Morreale. 13 plaintes concernant 10 établissements ont été reçues. Trois autres, réceptionnées en janvier, sont en cours de traitement.  

Après vérifications, une plainte s'est avérée non fondée, deux étaient fondées et sept partiellement fondées. Les griefs portaient notamment sur l'encadrement et les compétences du personnel, la gouvernance et le management, la négligence, le suivi paramédical, les droits du patient, l'alimentation ou encore le non-respect de la convention d'hébergement. 


(FILES)In this file photo taken on July 5, 2018 an elderly resident sits in her bedroom in an establishment of accommodation for dependent elderly (EHPAD) in Paris. - Orpea's chief executive Yves Le Masne has been dismissed from his position on January 30, 2022, the group announced in a statement. The group had been in turmoil since days after the revelations of a book evoking dysfunctions in private Ehpad. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Toujours pas d'agrément pour Orpea au Luxembourg
Au cœur d'un scandale l'accusant de maltraitances dans ses structures en France, le groupe Orpea envisage de s'implanter prochainement au Luxembourg. Mais pour l'heure, aucune autorisation n'a été signée, rappelle Corinne Cahen.

Respect Senior, l'agence wallonne de lutte contre la maltraitance, a ouvert pour sa part neuf dossiers visant Orpea depuis 2012.

Les témoignages se multiplient dans la presse. L'Avenir pointe les « fossoyeurs ». Le Soir évoque les 34 derniers mois d'une résidente d'une maison de repos appartenant au groupe Orpea, sise à Watermael-Boitsfort, une commune aisée du sud de Bruxelles. La vieille dame n'aurait jamais été lavée ni coiffée, selon sa fille. Il est également question de nourriture de piètre qualité, de maltraitance, de rapports mensongers sur l'évaluation des conditions de vie des pensionnaires.

 «Nous prenons chaque plainte au sérieux»

Le séjour de la vieille dame coûtait 3.000 euros par mois, un montant important à l'aune des tarifs des maisons de repos belges, largement supérieur à une retraite moyenne.

Une responsable du groupe Orpea tempère : «Nous prenons chaque plainte au sérieux quand elles nous parviennent. Le problème, ces derniers temps, c'est que des choses nouvelles apparaissent sur les réseaux sociaux sans être passées par chez nous. Nous voulons en tout cas collaborer avec toutes les enquêtes qui seront menées. On ne veut pas minimiser.»

La pandémie a modifié la donne

Le Soir cite encore une aide-sanitaire qui, après avoir travaillé huit ans pour le groupe français, dresse le tableau cruel de pensionnaires restés des heures souillés et non lavés.

L'accueil des aînés est un problème ancien. Jusqu'à la crise sanitaire, les listes de candidats résidents étaient très longues et l'attente pénible pour les familles. L'arrivée de gestionnaires privés de maisons de repos fut souvent vécue comme un soulagement, en raison de l'offre accrue de chambres disponibles. La pandémie a modifié la donne. Nombreux sont les aînés à avoir succombé au virus. Nombreuses sont les familles à avoir repris chez elles leurs «vieux» car elles ne supportaient plus de les voir se laisser mourir pendant le confinement. Certaines résidences privées et publiques ont ainsi été partiellement désertées, leurs comptes plongeant dans le rouge.

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