L'affaire Orpea essaime en Belgique
L'affaire Orpea essaime en Belgique
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Quelques heures ont suffi pour que l'affaire Orpea traverse la frontière et connaisse un important écho en Belgique. Immédiatement, la ministre wallonne de la Santé, la socialiste Christie Morreale, a chargé son administration de procéder à des inspections dans les 18 maisons de repos (4.210 lits) gérées par le groupe français dans le sud du pays. Contrairement à l'usage, ces contrôles ont été inopinés.
Premier bilan : un avis positif pour huit institutions, un avis plus mitigé pour une autre et un avis très préoccupant pour un établissement.
Les inspections continuent mais, sans attendre, la ministre Morreale a demandé des mesures plus structurelles. Des modifications législatives concernant l'hygiène et l'alimentation des résidents des maisons de repos pourraient être envisagées dès la semaine prochaine. Les sanctions financières seraient alourdies en cas de manquements.
Neuf dossiers ouverts visant Orpea depuis 2012
Le dossier Orpea n'est de toute évidence pas neuf. Quatre maisons de repos gérées par le groupe faisaient déjà l'objet d'un suivi particulier à la suite d'inspections menées depuis 2018, a encore indiqué Christie Morreale. 13 plaintes concernant 10 établissements ont été reçues. Trois autres, réceptionnées en janvier, sont en cours de traitement.
Après vérifications, une plainte s'est avérée non fondée, deux étaient fondées et sept partiellement fondées. Les griefs portaient notamment sur l'encadrement et les compétences du personnel, la gouvernance et le management, la négligence, le suivi paramédical, les droits du patient, l'alimentation ou encore le non-respect de la convention d'hébergement.
Respect Senior, l'agence wallonne de lutte contre la maltraitance, a ouvert pour sa part neuf dossiers visant Orpea depuis 2012.
Les témoignages se multiplient dans la presse. L'Avenir pointe les « fossoyeurs ». Le Soir évoque les 34 derniers mois d'une résidente d'une maison de repos appartenant au groupe Orpea, sise à Watermael-Boitsfort, une commune aisée du sud de Bruxelles. La vieille dame n'aurait jamais été lavée ni coiffée, selon sa fille. Il est également question de nourriture de piètre qualité, de maltraitance, de rapports mensongers sur l'évaluation des conditions de vie des pensionnaires.
«Nous prenons chaque plainte au sérieux»
Le séjour de la vieille dame coûtait 3.000 euros par mois, un montant important à l'aune des tarifs des maisons de repos belges, largement supérieur à une retraite moyenne.
Une responsable du groupe Orpea tempère : «Nous prenons chaque plainte au sérieux quand elles nous parviennent. Le problème, ces derniers temps, c'est que des choses nouvelles apparaissent sur les réseaux sociaux sans être passées par chez nous. Nous voulons en tout cas collaborer avec toutes les enquêtes qui seront menées. On ne veut pas minimiser.»
La pandémie a modifié la donne
Le Soir cite encore une aide-sanitaire qui, après avoir travaillé huit ans pour le groupe français, dresse le tableau cruel de pensionnaires restés des heures souillés et non lavés.
L'accueil des aînés est un problème ancien. Jusqu'à la crise sanitaire, les listes de candidats résidents étaient très longues et l'attente pénible pour les familles. L'arrivée de gestionnaires privés de maisons de repos fut souvent vécue comme un soulagement, en raison de l'offre accrue de chambres disponibles. La pandémie a modifié la donne. Nombreux sont les aînés à avoir succombé au virus. Nombreuses sont les familles à avoir repris chez elles leurs «vieux» car elles ne supportaient plus de les voir se laisser mourir pendant le confinement. Certaines résidences privées et publiques ont ainsi été partiellement désertées, leurs comptes plongeant dans le rouge.
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