L’administration wallonne rejette toute faute
L’administration wallonne rejette toute faute
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Il n'y a pas qu'au Luxembourg qu'aux inondations succède la polémique. En Belgique aussi, après les pluies vient la controverse. Le même témoignage recueilli auprès de dizaines de sinistrés continue d'être relayé par la presse du royaume. Le 14 juillet, vers 17h, une vague a littéralement envahi et ravagé plusieurs communes situées sur la Vesdre. L’arrivée soudaine d’une telle quantité d’eau ne pourrait être due qu’à une erreur humaine. «Quelqu’un» en amont aurait lâché un, voire plusieurs barrages au moment où les pluies redoublaient.
Cette thèse a été soutenue par plusieurs bourgmestres. Des élus pointant du doigt un dysfonctionnement majeur. Ils ont mis en cause le gouvernement wallon et son administration, en affirmant notamment qu’une série d’avertissements n’avaient pas été pris en considération avec suffisamment de sérieux.
Leurs attaques, conjuguées à la gravité d’une catastrophe qui a tué 36 personnes, a contraint l’administration wallonne à rendre publiques les informations issues du système d’alerte européen de risques de crues (Efas) dont elle dispose. Selon un professeur de l’Université de Liège, Damien Ernst, celles-ci auraient été communiquées dès le samedi 10 juillet, mais n'auraient pas suscité de réactions auprès des services concernés.
L’administration réplique: la Wallonie a reçu 24 notifications internationales, quatre seulement la concernant directement. La première date du lundi 12 juillet à 11h27 et concerne l’Ourthe. Un «événement» pour le mardi 14 juillet à 12h était alors jugé possible – sans qu’une inondation centennale ne soit toutefois évoquée. L’administration a transmis alors au Centre régional de crise un avertissement de risque de précipitations intenses. Des dégâts et un débordement des cours d’eau étaient à craindre.
Suivront trois autres avertissements de l’Efas, dont l’un relèvera le degré de gravité relative des crues sur l’Ourthe (non la Vesdre). Les autres ont pointé un risque de crues rapides et de ruissellements dans les provinces de Liège, de Luxembourg et de Namur.
Des indications peu significatives
L’administration wallonne se retranche derrière le manque de précisions des alertes lancées par l’Efas. Pour elle, «les indications fournies par ces alertes permettent difficilement d’anticiper avec un degré de précision suffisant des phénomènes d’inondations rapides et localisés».
Il n’est pas sûr que ces explications convainquent tout le monde, à commencer par les sinistrés. Beaucoup continuent à évoquer un raz-de-marée soudain, le 14 juillet en soirée, lequel aurait ravagé leurs maisons et leurs quartiers.
Dimanche, ce sont Dinant et Namur qui se sont retrouvées sous l'eau. A Dinant, l’eau de ruissellement stagnant sur des champs engorgés s’est associée à des pluies diluviennes avant de déferler dans les rues. A Namur, la gestion des égouts pleins d'une boue ancienne, incapables donc d’évacuer les fortes pluies, est mise en cause.
Ce nouvel épisode devrait conforter ceux qui pensent que les autorités wallonnes ne se sont pas montrées à la hauteur de la situation. Le parti CDH (humaniste, opposition) dépose, ce lundi, une demande de commission d'enquête au Parlement wallon. Un collectif de citoyens, d’entreprises et de bourgmestres, compte attaquer le gouvernement régional en justice pour sa gestion du barrage d’Eupen.
Quant aux techniciens en charge de ce barrage, ils confirment avoir bien libéré l’eau pour répondre à l’importance exceptionnelle des précipitations. En dépit des précautions prises, le débit sortant aurait eu les conséquences gravissimes auxquelles on assiste depuis une dizaine de jours. La question est de savoir s’il était possible de faire autrement dans une situation aussi critique.
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