L'A31 à 2x3 voies, ce n'est pas pour demain
L'A31 à 2x3 voies, ce n'est pas pour demain
La commission française Mobilité 21 a remis son rapport jeudi. Avec pour mission de classer les projets visant à améliorer les infrastructures et services de transport, la commission reprend le projet d'A31bis mais son importance varie en fonction du scénario qui sera retenu in fine.
Deux scénarios sont en effet élaborés, l'un à hauteur de 8 à 10 milliards d'euros, l'autre à hauteur de 28 à 30 milliards d'euros, un chiffre qui ne peut être envisagé qu'en cas d'une «amélioration de la conjoncture économique» notamment. Dans ce dernier scénario, l'A31bis figure parmi les «premières priorités». Dans le premier en revanche, elle se trouve reléguée en «secondes priorités».
Bonne nouvelle : dans un cas comme dans l'autre, l'A31bis n'est pas repoussée aux «horizons lointains», soit après 2050 comme l'est, par exemple, l'amélioration des liaisons ferroviaires entre la Lorraine et la vallée du Rhône.
Mais la bonne nouvelle est toutefois à tempérer : les engagements des «secondes priorités» doivent voir le jour entre 2030 et 2050 et, vu les restrictions budgétaires qui affectent l'ensemble du budget national français, il est probable que le gouvernement tranche en faveur du scénario le moins onéreux... et qui chasse donc l'A31bis des «premières priorités» dont l'engagement doit intervenir avant 2030.
Plus d'un milliard à trouver
Le projet A31bis, d'un coût estimé entre 1,1 et 1,26 milliard d'euros, vise notamment à élargir l'autoroute entre Nancy et Metz et entre Thionville et la frontière luxembourgeoise.
De l'aveu même de la commission, la congestion actuelle sur la quasi-totalité du tracé de l'A31 dans le sillon lorrain «handicape lourdement le développement régional». Elle reconnaît de même que, contrairement à la plupart des autoroutes françaises, le trafic le long de cet axe «ne cesse d'augmenter, en raison principalement de l'effet d'attraction des grands pôles urbains du secteur».
En 2030, une autoroute bloquée
En 2030, les projections montrent que la situation devrait tendre vers un blocage de l'axe et un accroissement des problèmes rencontrés. Mardi à l'Assemblée nationale, le député de Moselle Michel Liebgott rappelait ainsi que l'axe doit absorber une progression «constante et rapide» de flux internationaux venant de Belgique, des Pays-Bas, d'Allemagne et du Danemark et qui se concentrent vers le Grand-Duché, puis la Lorraine.
De même, le nombre de travailleurs frontaliers lorrains, qui avoisine les 80.000, devrait dans les prochaines années dépasser les 100.000, selon le député, aux yeux duquel une troisième voie devrait leur permettre de ne plus «vivre le martyr chaque jour».
Pour l'heure, le ministre français des Transports, Frédéric Cuvillier, a indiqué qu'une étude sur le projet était en cours. Financée à hauteur de 30% par le Grand-Duché (sur un coût total de 550.000 euros), ses résultats sont attendus d'ici à l'été 2014.
Dominique Nauroy
