Haro sur la taxe kilométrique bruxelloise
Haro sur la taxe kilométrique bruxelloise
Par Max Helleff
La taxe kilométrique intelligente qui pourrait être instaurée à Bruxelles dans les années à venir fait beaucoup... pétroler depuis une semaine.
Rappelons que cette taxe sera liée à l’usage direct du véhicule. Qui roulera aux heures de pointe dans la capitale de l’Europe devra payer davantage, en fonction du véhicule utilisé. Des caméras intelligentes feront les comptes, avant que la facture ne soit adressée à l’automobiliste belge ou étranger.
Poussée «verte»
La nouvelle mesure devrait être instaurée dans les cinq ans. Cela laisse un peu de temps pour s’organiser. Mais, pour l’instant, c’est surtout la contestation qui se met en place. A commencer bien sûr par celle des automobilistes et de leurs associations qui se disent pourchassés.
Ce projet de taxe kilométrique intelligente reflète les résultats des dernières élections marquées par la poussée «verte» à Bruxelles et la mise en place d’un nouveau gouvernement régional. Sans surprise, la nouvelle ministre de l’Environnement, l’écologiste néerlandophone Elke Van den Brandt (Groen), veut corseter la voiture, rendue coupable de tous les maux d’une ville en permanence embouteillée et polluée.
Cacophonie
Le sujet est politiquement sensible. Dans l’opposition, les humanistes du CDH déplorent le fait «qu’aucune concertation n’a été évoquée au préalable avec les entités régionales et fédérales.»
Ils évoquent une cacophonie: «Un sujet aussi fondamental se passerait bien d’une communication politicienne de rentrée». Les communistes du PTB pointent «une taxe injuste et inefficace».
«Pas le luxe d'attendre»
Pour le Mouvement réformateur de Charles Michel, «il faut avoir une vision plus large des enjeux bruxellois et réfléchir aux implications d’une telle taxe kilométrique qui serait prise sans un accord avec la Flandre et la Wallonie. Le risque d’une surenchère de taxes, instaurées par les deux autres Régions, pénaliserait l’attractivité économique de Bruxelles … sans résoudre les problèmes de mobilité !»
Réponse de la ministre Van den Brandt : «Si la Flandre et la Wallonie ne bougent pas et ne participent pas au système, cela aura cet impact. C'est pour ça qu'on préfère avoir un accord avec elles (…) Nous n'avons pas le luxe d'attendre à Bruxelles.»
Intérêts particuliers
La Belgique est un pays à plusieurs vitesses lorsqu’il s’agit de mobilité. Chaque jour, Bruxelles attire quelque 400.000 navetteurs wallons et flamands, dont une bonne partie emprunte à contrecœur un réseau routier fatalement congestionné. Un RER est promis depuis plus de 20 ans pour faciliter le flux entre le proche Brabant wallon et la capitale, sans que les travaux n’aient à ce jour aboutis. La structure même de l’activité économique, administrative et européenne de Bruxelles la condamne à attirer toujours plus de travailleurs extérieurs.
Seule une concertation entre les différentes Régions et la remise à plat de la mobilité sur tout le territoire belge semble à même d’ébaucher une solution durable. Mais ici comme ailleurs, les intérêts particuliers priment trop souvent sur le bien-être commun.
Asphyxiée
Ces dernières années, Bruxelles s’est lancée dans une véritable guerre contre la voiture «qui vient de l’extérieur». Des grands axes de circulation ont été rétrécis, un piétonnier a été imposé autour de la Grand-Place sans guère de préparatifs, la chasse aux vieux diesels est ouverte, le 30 km/h promet d’être la norme à terme.
Pour les défenseurs de l’environnement, cette guérilla est l’unique moyen de défense d’une ville qui ne veut pas mourir asphyxiée.
