DSK: l'affaire qui donne du crédit à la théorie du complot
DSK: l'affaire qui donne du crédit à la théorie du complot
S'il n'y avait pas eu l'affaire du Sofitel, un autre procès attendait l'ex-futur candidat à l'investiture socialiste, Dominique Strauss-Kahn, au printemps dernier et cet automne, devant le Tribunal de grande instance de Paris: celui des milliards koweitiens envolés. Le 25 janvier, il sera de nouveau sous les projecteurs.
Au cœur de cette affaire, Joseph Ferroyé, un inventeur italo-libanais basé dans le sud de la France qui fabrique des machines-outils. Un de ses trois associés, un expert-comptable de Nice, Christian Basano, attaque l'Etat français pour usurpation d'identité, faux et usages de faux, vol et recel. Il réclame 850 millions de dommages et intérêts. Une goutte d'eau au regard des 22 milliards en jeu.
En 1991, M. Ferroyé regarde la télévision. Une intervention du célèbre pompier américain Red Adair qui affirme qu'il faudra des années pour éteindre les 1.164 puits de pétrole auxquels l'armée irakienne a mis feu avant de quitter le Koweït. Cinq millions de barils partent en fumée chaque jour. Cinq ans plus tôt, il en est sûr, il avait fait les plans et testé une sorte de cloche qui prive un foyer d'incendie d'oxygène et permet de l'éteindre rapidement. Les 11 et 16 avril et le 2 mai, il dépose trois brevets à l'Institut national de la protection industrielle, sûr qu'il pourra vendre son invention aux autorités.
Du coup, avec ses associés, il tape à toutes les portes de manière plus ou moins formelle.
Le 11 mai 1991, avant de démissionner de son poste de Premier ministre, Michel Rocard a signé un décret complémentaire qui rattache directement l'INPI au ministre de l'Industrie. Ce dernier est imposé directement par François Mitterrand au Premier ministre, Edith Cresson: Dominique Strauss-Kahn. Ferroyé et ses associés seront reçus par Aurelien Garcia, chargé de mission auprès du Premier ministre.
Mais ce sont deux sociétés françaises, Horewell - filiale de l'établissement public qu'est l'Institut français du pétrole - et Forassol, qui soufflent le marché à la surprise des quatre associés qui avaient envoyé un devis à 22 milliards de dollars, une chose qu'ils n'apprendront que sur place, de la bouche du ministre koweïtien du Pétrole, Hmoud Al Raqaba, fin juillet 1991.
Furieux de voir la poule aux œufs d'or s'évaporer, Ferroyé, Basano et leurs amis se lancent dans une enquête privée sans précédent qui mettra, selon eux, à jour, l'existence de comptes bancaires à leurs noms sur lesquels se trouvent 39 milliards de dollars. Les quatre associés affirment que ces comptes ont été ouverts et fermés pour la plupart à l'insu de leur plein gré...
Par qui, pourquoi, comment? Il reste prudent, l'avocat de M. Basano, maître Dominique Kounkou, candidat à la présidentielle au Congo en 2009 et entré dans la "clandestinité" pour se consacrer à cette affaire dans laquelle ont été utilisés une soixantaine d'avocats prestigieux, dont Jacques Verges, qui a préféré renvoyer le chèque correspondant à ses honoraires plutôt que de s'engager dans des terrains mouvants.
Les zones d'ombre de cette histoire, rocambolesque à plus d'un titre au point qu'un roman a été écrit par Basano lui-même, intitulé "Jeu de banques", laissent perplexes jusqu'aux avocats de DSK eux-mêmes, qui désignaient dès la fin de l'hiver dernier des "amis" politiques. A ce moment-là, Me Kounkou lui-même évoquait sa motivation à agir: "C'est le bon moment pour attaquer Dominique Strauss-Kahn!"
L'affaire n'a toujours pas été jugée au fond parce que la juge Sylvie Leroy, juge de mise en l'état, a été écartée après une demande de mise en suspicion de Me Kounkou, puis après le dépôt d'une question prioritaire de constitutionnalité: est-ce normal qu'au côté de l'Agent judiciaire de l'Etat qui défend les intérêts français, il y ait le procureur, désigné lui aussi par l'Etat?
Le prochain rendez-vous est fixé au 25 janvier.