Deux enfants du djihad frappent à la porte de la Belgique
Deux enfants du djihad frappent à la porte de la Belgique
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - La Belgique est une nouvelle fois dans une situation délicate s’agissant du dossier syrien. Deux de ses ressortissantes, une mère de 51 ans et sa fille de 30 ans, détenues aujourd’hui dans le camp de Roj (Kurdistan syrien), viennent en effet de lui transmettre une demande de rapatriement en urgence pour leurs trois enfants.
«C’est la panique au camp de Roj, en tout cas pour les femmes belges qui s’y trouvent», a expliqué au Morgen et au Soir le député humaniste Georges Dallemagne, un fin connaisseur du dossier. «La tente (des femmes) a brûlé (accidentellement). Elles ont pu être secourues et relogées dans une autre tente, mais elles sont très choquées. Elles disent aussi que le niveau de violence a augmenté. En tout cas, la panique est telle qu’elles demandent que la Belgique rapatrie leurs trois enfants au plus vite, indépendamment de leur sort personnel.» Le même député a fait suivre à la ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès une requête allant dans ce sens. Sans réaction officielle jusqu’à présent.
Accéder aux requêtes des tenants du djihad, partisans de Daech et sympathisants supposés des terroristes qui ont frappé Bruxelles en plein cœur le 22 mars 2016 ? La question n’a pas fini de faire débat. Les Affaires étrangères excluent jusqu’à présent le rapatriement des Belges détenus dans les camps, au motif qu’ils ont combattu dans les rangs de l’Etat islamique ou d’autres groupes islamistes actifs en Syrie et en Irak.
Mais quid des enfants ? En février 2020, après maints atermoiements judiciaires, un tribunal avait laissé à l’Etat belge le temps d’obtenir la signature des mères des enfants pour qu’elles autorisent leur départ des camps. Mais il n’était pas question que ces femmes puissent rentrer au pays. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, le libéral francophone Philippe Goffin, avait refusé qu’elles échappent à leur peine au motif que les enfants ont besoin d’elles.
En décembre dernier, un garçon de 9 ans avait ainsi atterri seul à Bruxelles, sans sa mère. Celle-ci est précisément l’une des deux femmes qui demandent aujourd’hui le rapatriement des enfants. Les siens sont un garçon né en 2016 et une fille née en 2017 d’une union avec un djihadiste suisse aujourd’hui détenu dans une prison kurde. Ces bambins, qui ont vu le jour dans le califat de Daech, vivent aujourd’hui dans la promiscuité du camp de Roj. Pour ne rien arranger, le covid s’est invité sous les tentes.
La Belgique a infléchi ces dernières semaines sa position dans le dossier syrien, sous la pression de plusieurs députés d’opposition qui ont fait valoir l’extrême précarité et la violence régnant dans certains camps. «Le camp de Al-Hol – à une centaine de kilomètres du camp de Roj - est devenu la nouvelle capitale de l'Etat islamique», a lancé à la Chambre Georges Dallemagne. «C'est un chaudron extrêmement dangereux, tant pour la population locale que pour notre propre sécurité.» Le Premier ministre Alexander De Croo a acquiescé tout en jugeant nécessaire de trouver une solution pour les enfants, susceptibles de devenir «les terroristes de demain».
Il a précisé que «le Conseil national de sécurité a confirmé la démarche de rapatriement des enfants». La limite d'âge est toutefois fixée à 12 ans. Quant à la situation des mères toujours sur place (9 condamnées et 4 sous mandat d'arrêt international), elle sera évaluée au cas par cas. «Si elle se sont distanciées de l'EI, elles pourront être rapatriées», a ajouté le chef du gouvernement.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
