Des pensées suicidaires chez 20% des étudiants belges
Des pensées suicidaires chez 20% des étudiants belges
De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - Régulièrement des cris d’alarme et des appels au secours venus de la jeune génération déboulent dans les médias, témoignages du profond mal-être qu'engendrent le covid et les mesures de confinement mises en place.
Mais comment l’objectiver? En Belgique francophone, une enquête universitaire s’est attelée à cette tâche entre le 22 février et le 5 mars. Les universités ainsi qu’un nombre important de hautes écoles et d’écoles supérieures artistiques ont été passées au scanner. 25.000 étudiants - et surtout étudiantes (69%) - de 18 à 25 ans ont participé. Précision : les deux tiers des répondants vivent chez leurs parents.
Un écueil majeur d’abord: le distanciel. 80% des étudiants ont un problème avec les cours en ligne, lesquels exigent une présence sans faille devant l’écran, fatiguent mentalement et physiquement, et finissent par miner la motivation des plus assidus. En dépit des bons résultats enregistrés lors des sessions d’examen qui se sont tenues «sous covid», 40% des étudiants – surtout des bacheliers - sont en décrochage.
Cet état engendre parfois chez eux un état dépressif. Manque d’appétit, problèmes de sommeil, ras-le-bol, perte de sens… La moitié des répondants disent souffrir d’anxiété ou de symptômes avérés de dépression. 20% des étudiants ont eu des pensées suicidaires durant l’année écoulée.
L’absence de contacts sociaux participe à la dégradation du moral des étudiants. Toujours selon cette enquête, seuls 26% d’entre eux sont satisfaits de leurs relations avec leurs congénères. C’est particulièrement vrai en bac, trois années durant lesquelles le «bleu» tisse traditionnellement le réseau de contacts et d’amitiés qui l’accompagnera parfois tout au long de sa vie. D’où un report sur les relations familiales (qui satisfont six étudiants sur dix) qui gagnent ainsi en importance et sur les réseaux sociaux.
A quand le retour sur les campus? La question est dans toutes les têtes. Mais, pour l’instant, à l’exception des cours pratiques et artistiques, les auditoires restent fermés aux étudiants jusqu’au 19 avril et la fin des vacances de Pâques.
A la mi-mars, la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, s’était réjouie d’assister au retour dans les auditoires de 20% des étudiants, compte tenu de l'urgence psychologique et pédagogique. «C'est vrai que 20%, ce n'est pas l'idéal mais si nous n'avions fait attention qu'aux chiffres, on n'aurait pas repris», s’était-elle justifiée. Un système d'inscription via des feuilles Excel avait été mis en place pour tenter d’équilibrer les présences effectives en auditoire. Mais depuis, les autorités belges ont décidé qu’à partir de ce lundi 29 mars, les établissements d’enseignement supérieur repassaient sous code rouge. C’est-à-dire 100% en distanciel.
En janvier dernier, la même Valérie Glatigny avait imaginé une «bulle de kot (chambre d’étudiant) de six», qui aurait permis à six étudiants de pouvoir vivre ensemble malgré le confinement, l’interaction sociale étant supposée leur apporter un mieux-être. Mais ce projet n’avait pas obtenu l’aval du Comité de concertation. Ces dernières semaines, le rebond pandémique a contraint de fait les autorités à postposer le déconfinement, puis à reconfiner partiellement.
Samedi dernier, l’UCLouvain a organisé sur la plateforme Twitch des «portes ouvertes» virtuelles, les premières du genre pour une université belge. L’occasion de découvrir en quelques clics les six campus de l’Alma Mater, ses auditoires, ses laboratoires et ses learning centers.
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