Des bémols à l'optimisme de Paul Magnette
Des bémols à l'optimisme de Paul Magnette
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - C’est ce lundi que Paul Magnette livre un nouveau rapport sur la mission d’information que lui a confiée le roi Philippe le 6 novembre. Une mission qu’il a d’emblée consacrée à la recherche de points de convergence entre les partis politiques sur de grands dossiers thématiques (migration, justice, emploi, etc.) et qui doit planter les bases du futur gouvernement fédéral.
Durant la semaine écoulée, le socialiste a rencontré la société civile et les partenaires sociaux avec l’intention de les confronter aux propositions des partis. Le message est clair : il faut que la prochaine coalition gouvernementale soit également soutenue par la base.
Paul Magnette l’a répété plusieurs fois : il est «optimiste». Il a fait sienne la phrase du Britannique Winston Churchill, selon lequel «un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté».
Mais ses espoirs pourraient être rapidement douchés. Les chrétiens-démocrates flamands du CD&V et les libéraux flamands de l’Open-VLd n’ont toujours pas arrêté leur intention de monter (ou non) dans un gouvernement où la N-VA de Bart De Wever serait absente.
En retrait de la vie politique, mais toujours membre influent de son parti, le chrétien-démocrate flamand Eric Van Rompuy est clair sur ce point : «Je ne vois aucun signe au sein de mon parti permettant de croire que nous sommes prêts à entrer dans une négociation pour former un gouvernement arc-en-ciel. On ne va pas suicider le parti et notre nouveau président en nous aventurant dans un gouvernement de gauche…»
Van Rompuy n’est qu’une voix parmi d’autres. Mais il reste que le CD&V (ex-CVP) qui a fait la pluie et le beau temps dans la Belgique de la seconde partie du XXe siècle n’est plus que l’ombre de lui-même. Ses cadres craignent de perdre définitivement pied en s’aventurant dans un gouvernement «de gauche» qui rejetterait la frange nationaliste flamande dans l’opposition.
Enchères flamandes
Quant à l’Open-VLD, ses actions ne valent guère mieux. Les libéraux sont par ailleurs en phase avec la N-VA sur plusieurs points de son programme économique. Libéraux et nationalistes flamands n’ont de cesse de s’ériger en gardiens du portefeuille du Flamand moyen. Or, il est évident qu’une politique gouvernementale qui mettrait l’environnement en avant coûterait cher dans un premier temps à la Belgique et donc à la Flandre.
Mais, pour l’heure, les libéraux flamands font monter les enchères. Leur participation au prochain gouvernement serait conditionnée par l’obtention du poste de Premier ministre, ce qui aurait le mérite de calmer la Flandre. Depuis 2011, cette fonction échoit à la minorité francophone, avec successivement le socialiste Elio Di Rupo et les libéraux Charles Michel et Sophie Wilmès.
Paul Magnette parviendra-t-il à mettre sur pied le gouvernement de ses rêves, cet «arc-en-ciel» qui réunirait socialistes, libéraux et écologistes, avec ou non l’appui du camp chrétien ? La question reste entière.
Ajoutons que les avancées obtenues à ce jour par l’informateur ont trait à des matières somme toute «faciles» : il est de bon ton d'affirmer que la Justice doit être refinancée et que l’emploi doit être favorisé. En revanche, les discussions s’annoncent autrement complexes sur la migration, la sécurité sociale ou le budget. Ici, francophones et Flamands auront à cœur de défendre des positions qui sont souvent diamétralement opposées.
