De nouvelles pistes pour sortir le pays de la crise
De nouvelles pistes pour sortir le pays de la crise
De notre correspondant, Max Hellef (Bruxelles) - Les deux derniers informateurs royaux en date ont fait leur rapport vendredi, en fin de matinée. La mission du chrétien-démocrate flamand Joachim Coens et du libéral francophone Georges-Louis Bouchez a été prolongée jusqu'au 13 janvier.
Jusqu'ici, deux pistes avaient monopolisé les discussions entre les partis et les précédents informateurs. D'une part, une coalition gouvernementale «bourguignonne» articulée autour du Parti socialiste francophone de Paul Magnette et de la N-VA nationaliste flamande de Bart De Wever. D'autre part, une coalition «arc-en-ciel» comprenant six, voire sept partis politiques francophones et flamands, à l'exception notoire de la N-VA.
Le duo Coens-Bouchez estime pour sa part qu'il est temps «d'écarter» ces deux pistes car «ces coalitions n'offrent pas de stabilité suffisante et ne rassemblent pas». «Il est temps de sortir de cette dichotomie, comme si c'était la seule formule possible», explique Georges-Louis Bouchez. Pour lui, «la seule solution possible se situera au centre.»
Les informateurs identifient cinq thématiques qui serviront de base aux prochaines négociations - une méthode qui rappelle celle de Paul Magnette. Soit le déficit budgétaire et la fiscalité, la politique sociale, l'emploi, la migration et la justice, le climat.
Mais encore? A défaut d'explications supplémentaires du duo Coens-Bouchez, il faut bien constater que les lignes n'ont guère bougé. Parmi les sept informateurs qui ont été nommés jusqu'à présent par le roi, seul Paul Magnette peut s'enorgueillir d'avoir planté les bases fragiles d'une coalition «arc-en-ciel» qui aurait réuni les socialistes, les libéraux et les écologistes du nord et du sud du pays. Il lui a manqué l'appui des chrétiens-démocrates flamands du CD&V pour obtenir une majorité confortable, ceux-ci préférant rester en retrait tant que la N-VA ne serait pas «mouillée» dans les négociations.
Un «gouvernement de crise avec un programme limité»
Jeudi, Paul Magnette et Bart De Wever se sont rencontrés. Sans résultat. Pour Paul Magnette, c'est toujours «le grand Canyon» entre les deux partis – et par extension entre les francophones rivés au centre-gauche et les Flamands plus à droite que jamais. On voit d'ailleurs mal comment le PS arriverait à faire accepter à sa base l'idée d'un rapprochement avec Bart De Wever, adepte d'une politique ultra-libérale et pourfendeur des «électeurs passifs» wallons.
La solution à cet imbroglio réside toujours en grande partie dans la volonté du CD&V de monter à bord d'un gouvernement sans la N-VA. Mais les chrétiens-démocrates craignent de donner l'impression de pactiser avec Paul Magnette et la gauche. D'où l'idée qui circule d'abandonner le nom de coalition «arc-en-ciel» afin que le CD&V ne soit pas accusé d'avoir vendu son âme. On joue sur les mots…
Pour l'heure, c'est donc toujours l'impasse. La trêve des confiseurs devrait aussi être celle des partis politiques, laissant la Belgique sans gouvernement de plein droit et sans budget à l'entame de l'année 2020. Dans le quotidien flamand De Standaard, l'ex-ministre de l'Economie Kris Peeters propose de pallier ce vide en nommant un «gouvernement de crise avec un programme limité, une équipe limitée, pour une période limitée» à deux ans. Les milieux patronaux applaudissent, rappelant que le pays doit faire face à d'importants défis en matière de mobilité, d'énergie et de compétitivité des entreprises.
